- Alors Ousmane, tu as fait fortune ce soir ?
- Bof, juste un couple d’Allemands et leurs enfants. Ils se sont arrêtes par hasard…
- Normal, tu es le seul restau ouvert le dimanche soir, rigola Bertrand. Redonne-moi une bière…
Ils discutèrent de choses et d’autres. Bien sûr, le sujet des élections tomba sur le tapis.
- J’espère qu’elle ne va pas passer, intervint Julie qui revenait de la cuisine. Je ne voulais pas ouvrir aujourd’hui. Mais tu connais Ousmane…
- Ben, pourquoi ?
- Tu sais Bertrand, il suffit de peu de choses pour que les gens aient un coup de folie.
Bertrand éclata de rire :
- Pas chez nous. Même Fabian vient manger chez vous.
- Oui, reprit Julie, mais, tu sais, il fait des réflexions…
- Oh ! contesta Ousmane, il plaisante.
- Derrière chaque plaisanterie, il y a un fond de vérité.
- Le Pen lui fait peur, ricana Ousmane. Ce matin, elle m’a obligé à aller voter pour Macron. Tu te rends compte Bertrand, moi un petit-fils de mineur, voter Macron !
- Maintenant, tu es un bourgeois, le plaisanta Bertrand. Moi, j’ai pas voté. D’ailleurs, même au premier tour j’y ai pas été. Je m’en fous ! Le Pen, Macron… N’importe quel autre d’ailleurs.
- Qu’est-ce que tu vas faire à la Mairie si tu ne votes pas ?
- Pour une fois qu’il y a une animation dans le bled… s’esclaffa Bertrand. Et puis Fabian a dit qu’on ferait la fête… Et quand il s’agit de picoler, je suis toujours le premier.
- Il fait ça où ?
- Au café « Chez Nous »…
- Evidemment ! claqua Julie.
- Oh, se défendit Bertrand, ça fait je ne sais combien de temps que je n’ai pas mis les pieds là-bas… L’autre, il me prenait trop la tête avec sa politique…