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LA TURISTA

Il mangea au restaurant de l’Amitié de Lomé un très bon poisson-frites. Au moment de partir, lorsqu’il se leva, il sentit sa tête lourde.

Avec du mal, il atteignit la porte. La chaussée se déroba sous ses pieds. Il titubait. Quelques passants lui jetèrent un mauvais regard. On ne comprenait pas qu’un Blanc se livre ainsi en spectacle. Bien sûr, tous imaginaient qu’il avait bu.
Sa tête lui faisait mal et sa vue se brouillait. Il parcourut quelques mètres avec beaucoup de difficultés. Cela ne s’arrangeait pas. Un haut-le-cœur le secoua. Dans un suprême hoquet, il vomit tout ce qu’il pouvait. Plusieurs passants, femmes ou hommes l’insultèrent. Des enfants se moquèrent de lui.

Les vomissements l’avaient soulagé quelque peu. En chamboulant, il rejoignit son hôtel. Le patron hocha la tête en lui tendant sa clé et lui conseilla de prendre une douche. Ce qu’il ne fit pas. Il se coucha dans la minute et, malgré la chaleur moite, il s’endormit. Au cours de la nuit, un tonitruant pet tâcha son drap.

Deux jours plus tard, il tenait sur ses pieds et se sentait prêt à profiter de ces mois de voyage. C’était comme si ce poisson-frites l’avait vacciné contre la Turista… la gastro-entérite des touristes.
(sur un texte de 1982)

AINSI EN AVONS-NOUS DECIDE

Nous faisons du stop aux premières heures. Un gars de Souk-el, en 404 bâchée, nous charge. A court d'essence, il passe par la station service d'Aokas. La file s'allonge sur une centaine de mètres sous l'œil des policiers. Notre gars décide de pousser jusqu'à Béjaia "Inch Allah".
Mais ce qui doit arriver... arrive. Nous tombons en panne, ainsi en a décidé Allah. Nous laissons notre homme avec son bidon et montons dans la première voiture qui s'arrête. Ainsi en avons-nous décidé !

(sur un texte de 1984)

 

PETIT BLANC

Au bar de Ferké, ils firent la connaissance d'un routard français qui avait galéré pendant presque un an en Côte d'Ivoire en faisant des petits boulots.
A leur humble avis ce gugusse n'avait pas vu grand chose de la vie des Ivoiriens vu qu'il avait fréquenté les Peaux-Blanches. Bon, bien sûr, il avait peut-être vu des animaux et pas eux, et alors ? Eux avaient mangé et vécu (presque) comme les gens du village. Manquait que le travail au champ...

Qu'est-ce qu'il venait leur frimé la tête ce blanc-bec !
(texte de 1984)

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Date de dernière mise à jour : 28/08/2023

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