Le caïd était le maître après Allah… et le Roi. Il faisait fonction de maire, de chef de la police, de juge, de représentant du Roi… A Mohammed, il avait « donné » sa place à la Mairie. Pour obtenir un arrangement avec l’administration, une carte d’identité ou une carte grise, on devait passer par lui.
- Tu ne peux rien lui refuser. C’est un sale con !
- Khaled, tu devrais te méfier (dit Mohammed). Après tout ce que tu as raconté sur la Marche Verte, ça va te jouer un tour. Le caïd, c’est mon oncle. Je sais de quoi je parle… Surtout en ce moment. Avec les manifestations, l’air est malsain de parler fort en public. Je sais à quoi m’en tenir.
- Tu vas aux manifestations ? (railla Rachid).
- Non… Non... Et toi ?
- Je n’en parle jamais avant… Ni après. Comme ça, personne ne peut m’accuser de faire de la politique. Tu comprends ?
- Oui (s’excusa Mohammed).
- Et bien, moi, je le dis tout haut ! Je n’ai pas peur de ces valets du Roi (clama Khaled). Je vais aux manifestations, moi ! Mohammed, tu soutiens le Roi dans la guerre contre les Sahraouis, c’est bien ça ?
- Evidemment ! Que faire d’autre ?
- Mon pauvre ami (reprit Khaled, cynique). Les Français lui disent : fais la guerre, il la fait. Envoie-moi le phosphate, il l’envoie. C’est pas un homme celui-là, c’est une marionnette ! Le Roi est soutenu par la France. Tu parles, ça les intéresse que les gens s’entre-tuent, ils peuvent vendre leurs armes.
- Moi, je ne suis pas pour le Roi ! (se démarqua Rachid).
- Que tu dis Rachid. Mais, ton parti, c’est la même chose. Peut-être pire !