L'Hôtel de la Plage

LA DOUCHE

Une lumière blafarde atténuait la saleté de cette trop grande chambre. Alain posa sa guitare sur le lit :
- Fait chier la bitte !
Le matelas était humide. Les vêtements collaient à la peau. La peau suintait de tous ses pores. Il se leva et actionna la manette de la fenêtre. La vingtaine de petites vitres prit la position horizontale.
La moiteur venait de l'océan, cela ne servait pas à grand chose.
- Prend plutôt une douche, lui conseilla Daniel

 

REVERIE

Le balcon lui permettait de s'adonner à son activité favorite : se la couler douce. Calé dans le moelleux fauteuil, il laissait sa pensée se faire bousculer par les rouleaux écumants. par vagues, l'Atlantique essayait d'avaler la plage.
Les hauts plumeaux des cocotiers s'alignaient en de longues files de sentinelles. C'est qu'ils avaient une bonne trentaine de mètres de sable à défendre. Et cela sur des dizaines de kilomètres.

Vers l'Ouest, à deux kilomètres de là, les hommes avaient dressé une séparation artificielle entre le Togo et le Ghana.
Ce paysage typique des tropiques était gâté par de lourds nuages qui obstruaient le ciel. Et, il ne faisait guère chaud... malgré cette pesante moiteur.

 

Ecrit le 20 avril 2001
(sur des tes de 1982

)

LA JOIE

Midi approchait.
- Les voilà ! cria Daniel pour alerter son copain.
C'est qu'ils ne rataient guère le spectacle quotidien.

Les pirogues ballottaient sur l'océan. Elles atteignirent l'endroit périlleux. Un rouleau les fit disparaître un bref instant. La pointe des piroguesémergèrent au sommets du rouleau. Les pirogues semblèrent décoller. La cime du rouleau passée, elles plongèrent pour se redresser plus loin.
A chaque fois, les piroguiers réalisaient l'exploit. Dextérité et sang-froid.

A peine que les lourdes embarcations s'immobilisaient dans le sable qu'une vingtaine d'hommes s'attelaient à la longue corde. Un sifflet rythmait l'effort. Des dizaines de bras gonflaient, des dos s'arc-boutaient par saccades, le filet gorgé de poissons glissait sur le sable.
Une fois de plus, la pêche comblait de joie les piroguiers.

 

HEIL EYADEMA

- Allons-y pour la choucroute togolaise, rigola Alain.
- Le patron est quand même d'origine allemande, renchérit Daniel.

Ils s'étaient installées dans la véranda qui précédait le restaurant. Sur le mur, trônait le portrait d'Eyadéma habillé en général.
- Saloperie de dictateur ! tonna Daniel en esquissant le salut romain qui est également celui des nazis ou autres fascistes.
- fais gaffe, voilà le patron, plaisanta Alain.

Malheureusement, le portrait du dictateur togolais trônait dans tous les commerces et lieux publics.
Heureusement, tous les restaurateurs d'origine allemande n'étaient ou n'avaient pas été nazis.

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Date de dernière mise à jour : 04/08/2023

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