LA JOIE
Midi approchait.
- Les voilà ! cria Daniel pour alerter son copain.
C'est qu'ils ne rataient guère le spectacle quotidien.
Les pirogues ballottaient sur l'océan. Elles atteignirent l'endroit périlleux. Un rouleau les fit disparaître un bref instant. La pointe des piroguesémergèrent au sommets du rouleau. Les pirogues semblèrent décoller. La cime du rouleau passée, elles plongèrent pour se redresser plus loin.
A chaque fois, les piroguiers réalisaient l'exploit. Dextérité et sang-froid.
A peine que les lourdes embarcations s'immobilisaient dans le sable qu'une vingtaine d'hommes s'attelaient à la longue corde. Un sifflet rythmait l'effort. Des dizaines de bras gonflaient, des dos s'arc-boutaient par saccades, le filet gorgé de poissons glissait sur le sable.
Une fois de plus, la pêche comblait de joie les piroguiers.
HEIL EYADEMA
- Allons-y pour la choucroute togolaise, rigola Alain.
- Le patron est quand même d'origine allemande, renchérit Daniel.
Ils s'étaient installées dans la véranda qui précédait le restaurant. Sur le mur, trônait le portrait d'Eyadéma habillé en général.
- Saloperie de dictateur ! tonna Daniel en esquissant le salut romain qui est également celui des nazis ou autres fascistes.
- fais gaffe, voilà le patron, plaisanta Alain.
Malheureusement, le portrait du dictateur togolais trônait dans tous les commerces et lieux publics.
Heureusement, tous les restaurateurs d'origine allemande n'étaient ou n'avaient pas été nazis.