La Bonne Etoile

Des enfants agitaient leurs bidons au bord de la piste. Elles les ravitaillèrent en eau. Il leur en restait suffisamment pour atteindre Tessalit. Survint un vieux Tamasheq enturbanné dans un chèche bleu foncé et habillé d’une gandoura bleu ciel. Il chassa les enfants et adressa son salut :
- Salam aleck ! Taï ?
- Si nous voulons du thé ? s’exclama Sylvie. Oui…
- Taï, là-bas… répondit-il en montrant le campement.

 

La voiture garée un peu en retrait de la piste, elles suivirent le vieux. Des chèvres broutaient l’herbe sèche. D’autres escaladaient la rangée d’arbustes qui protégeaient le campement et grignotaient les maigres feuilles.
Accroché à un trépied, une bouilloire chauffait sur le feu devant les tentes.
La femme encore assez jeune leur souhaita la bonne arrivée tout en donnant le sein à son bébé. Les enfants se rapprochèrent. Une autre femme, sans doute la grand-mère, se tenait dans le fond d’une des tentes. Les femmes étaient vêtues de noirs, leurs cheveux tressés étaient recouverts d’un voile aussi noir. Le vieux invita Sylvie et Anne à s’asseoir sur le tapis. Ce qu’elles firent après s’être débarrassées de leurs chaussures.

 

Après les trois thés rituels, la femme proposa à manger. Un bol de lait de chèvre en entrée, du riz et de la viande de chèvre, elles s’installèrent avec le vieux. Les femmes, elles et les enfants, mangeaient à l’écart. Puis, on leur servit du café suivi des trois thés rituels. Le vieux leur demanda si elles n’avaient pas de tomates, d’oranges, du sucre, du thé vert, un sac marin… Juste du sucre auquel elles ajoutèrent des cigarettes et des médicaments « pour le mal de tête ».

 

Le vieux parlait mal le français et, bien souvent, la jeune femme répétait ses paroles. La grand-mère ne prononça pas un seul mot. Elle restait au fond de la tente. Elle restera à cette place toute la soirée tout en caressant une chèvre qui se comportait comme un chien affectueux.

 

- Vous avez un ciel comme celui-là en France ? demanda la femme.
- Le même ! Ou presque, répondit Sylvie.
- Avec des étoiles ?
- Avec des étoiles. Et même la Lune, affirma Anne.
- La Lune, c’est l’éclairage des Tamasheq.
- Où avez-vous appris le français ? A l’école ?
- Je n’ai jamais été à l’école. Je l’ai appris au contact des touristes.

 

Sylvie et Anne apprirent quelques mots de tamasheq. Mots qu’elles ne se rappelleraient plus par la suite. La femme voulut qu’elles dorment à proximité du campement et que, le lendemain, elles emmènent le vieux à Tessalit.

 

Après les trois thés rituels, le vieux embarqua avec elles tandis que la femme demanda un souvenir.
Les buissons épineux meublaient la rocaille tandis que, sur la gauche, la montagne se rapprochait. Le vieux chiquait et… crachait son tabac dans la voiture. De plus en plus rocailleuse, la piste devenait imprécise. Si Anne et Sylvie n’avaient pas eu le vieux en leur compagnie, elles auraient pu se croire égarée.

 

16 avril 2002
Mise à jour le 16 sept. 2019

 

 

Tamasheq : Touareg en français. Un Targui, des Touareg

 

 

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Date de dernière mise à jour : 27/12/2023

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