Carlos désignait la banque. A travers les vitrines, on voyait, outre les habituels gardes armés de pistolets et de matraques, une dizaine de flics de la PM, eux aussi armés. A intervalles réguliers, entre deux morceaux de musique, la voiture-sono scandait des slogans. La batterie de haut-parleurs sur le toit était impressionnante. Carlos désigna le speaker assis sur le capot :
- Il nous a dit que ça marchait mieux à Rio, São Paulo, Belo Horizonte… A la Banco do Brasil, ils réclamaient 40% d’augmentation, ils en ont obtenus 25%... On espère…
- Je vous souhaite de gagner. Mais, n’oublies pas que je dois recevoir mon virement la semaine prochaine (rigola Christian).
- T’inquiète (répondit Carlos sur le même ton plaisantin). Rien que pour toi, j’ouvrirais mon guichet.
- Ah ! (rêva Christian). C’était le bon temps lorsque je recevais des virements… Maintenant, la galère…
A quelques pas de là, devant une vitrine débordante d’appareils électroménagers, le lascar balafré discourait avec un gros moche, aussi baraqué, mais plus petit. A les voir ainsi, on pensait tout de suite que ces voyous préparaient un coup…