Plaies et bosses

A la tête de sa petite bande, le Rouquin s’était approché. Sur son ordre, les maquisards s’étaient dissimulés de chaque côté de la rue. Le Rouquin serrait son fusil contre lui. Il dirigeait sa petite bande comme un secrétaire de cellule. Sa relative carrure en imposait et quelques coups de poings mettaient au pas ceux qui contestaient son autorité.
Il se voyait à la tête d’un maquis FTP combattant l’occupant nazi. Il ne se réclamait jamais de l’Algérie et était outré que ceux d’en face le traite de « fellouze ».

Drapeau rouge politique 1

Comme ses maquisards, le Rouquin avait les poches alourdies par les grenades. Il était prêt au combat. Pour l’instant, le secteur était calme, mais le Rouquin savait que l’ennemi allait débouler. A leur tête se trouverait le Boche. Cette fois, le Rouquin s’était promis qu’il ne le raterait pas.
- Juan ! Luis ! Ibrahim ! Vos gueules. Vous allez nous faire repérer.
Ces trois là ne valaient pas grand-chose. Toujours indisciplinés, toujours en train de contester son autorité. Le pire, c’est que « sa » Maryse et sa copine Anita prenaient leur parti.

 

Maryse, elle aussi, s’imaginait dans la Résistance. Elle s’identifiait à sa mère. Une ancienne combattante de la Liberté qui avait lutté contre les Nazis. A la tête de l’opposition contre le Rouquin, Maryse était toujours prête à défendre la cause des opprimés.
Si Maryse considérait Juan, Luis et Ibrahim comme ses égaux, il n’en était pas de même pour le Rouquin. Comme le disait son père, Juan et Luis n’étaient que des « anarchistes » et Ibrahim un « fellouze ». Mais, voilà, le Rouquin avait besoin de tout le monde pour étoffer sa troupe issue de la cité.

 

Des cris indiquèrent que l’ennemi approchait.
- On les laisse avancer avant de tirer !
L’ennemi déboucha à l’angle de la rue. A leur tête, le Boche filait des claques sur la tête de ses subordonnés. Le Boche était comme ça, il aimait être respecté. Gare à ceux qui lui désobéissait. Le Boche régnait en maître absolu. Sa relative carrure, malgré sa petite taille, en imposait et ses poings mettaient au pas ceux que la parole n’avait pas convaincus.

 

L’ennemi était presque sur eux lorsque le Rouquin lança : « Feu à volonté ! ».
A l’arrière, les infirmières se tenaient prêtes à secourir les blessés. Les grenades tombaient au milieu des ennemis, les bouches des fusils se déformaient de « Pan ! Pan ! ». Au milieu de la rue, les ennemis étaient morts… de rire.
- Vous devez tomber ! trépigna le Rouquin.
Le Boche rigola de plus belle. Le Rouquin trépigna de plus belle : « Vous êtes morts ! ».

 

Le Boche lança une grenade. Le caillou atteignit le Bouquin au ventre. Le Boche brandit son fusil et se rua sur le Rouquin : « Sus aux cocos ! Sus aux fellouzes ! ». Avant que quiconque ne puisse réagir, le Rouquin prit un coup de bâton sur la tête. Puis ce fut la mêlée générale.

 

Chacun regagna son camp avec des vêtements déchirés, des plaies et des bosses.  Le plus dur restait à affronter… les parents.

 
 

Le 16 avril 2001
(mise à jour le 21 mai 2019)

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Date de dernière mise à jour : 30/12/2023

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