LE REGNE DES NOUCHIS
Treicheville était le "village" où se mélangeaient les commerçants libanais ou autres, les camelots africains, les dealers, les maquereaux, les nouchis (petits voyous). Gens honnêtes et moins honnêtes s'y rencontraient, s'y fréquentaient.
C'était le règne des nouchis qui cherchaient la gnagua (bagarre). Treicheville faisait peur. Sa réputation de quartier chaud où l'on se faisait facilement détrousser faisait dire aux Abidjanais que Treicheville, c'était le Petit Lagos.
L'un racontait :
- Je me suis fait rafler à la sortie d'une boîte de nuit. J'ai reçu, au moins, trente coups de matraques.
D'autres :
- Les CRS sont armés de baïonnettes empoisonnées qu'ils lancent sur les fuyards.
Bref, côté CRS ou côté nouchi, ce quartier n'était pas fréquentable.
Malgré toutes ces recommandations et plusieurs soirs, nous rentrerons passé minuit. Aucun nouchi ne nous vola notre poko (argent), aucun nouchi ne chercha la gnagua, aucun CRS ne tenta ne nous enlever.
(texte de 1982)