Week-end à Nânci

 

Le camion filait sur la route :
- Ils l’ont bien réparée, admira le Milou.
- Combien de temps que t’es pas rentré chez toi ?
- Un mois presque... Depuis que m’as amené...
- Ça va être la fête ! cria presque le Robert. J’te dépose où ?
Le Milou allait chez ses parents, il avança : « Rue Drouin ». Pas de problème, c’était sur la route, si l’on peut dire.

 

Cette fois, pas de détour par Bezange. Le Robert était pressé d’arriver à Laxou. Toujours aussi bavard, il annonça qu’à la fin mars, il reprendrait ses activités d'agriculteur. Son dossier aux Dommages de guerre était réglé :
- J'attends le pactole.
Selon le Robert, les cars reprendraient leur service d’ici une quinzaine. Les Rapides de Lorraine s’occupaient de cette affaire. Une ligne Nancy - Sarreguemines et une autre Metz - Vic ou Dieuze, le Robert ne se souvenait plus :
- Te vâs voyager dans le luxe !

 

Nancy déroulait ses faubourgs.
- Prends Sainte-Catherine...
- Tu t’ennuies après la place Stan’, don ?
- J’vâs faire un tour aux Deux-Hémis’...
- Oh ! Te vas cheûlé, toi !

 

Le Milou arriva bien tard à la Maison du Peuple.
- Ça va ?
Son père l'accueillit comme s’il l’avait vu le matin. A vrai dire, seul le Fofo montra sa joie.
- M’man est pas là ? Et la Janine ?
- Ta mère se repose... Tu la verras demain. Ta sœur est à Tomblène. T’iras les voir ?
- Demain p’pâ...
Le regard d’acier se ficha sur lui :
- J’espère que tu ne fais pas de conneries ! Tu sais, j’ai des connaissances là-bas, fit son père. Alors... Va te raser ! Et profites-en pour te recoiffer, tu as l’air d’un hérisson.
Le Léon voulait son fils à son image. Toujours bien mis et rasé de près, le Léon était un homme fier de son apparence. Autrefois, ses cheveux étaient châtains, aujourd’hui, ils étaient poivre et sel...

 

Les retrouvailles terminées, le Léon emmena son fils et le Fofo au café du quartier. Ils y retrouvèrent la famille Sanbucco. Sûr, pensa le Milou, je vais encore avoir droit à leurs exploits de 36. Mais, il n’en souffla mot. Au contraire, il fit semblant de se réjouir lorsque les vieux évoquèrent les manifestations, les charges des gardes-mobiles, le temps où ils coupaient les jarrets des chevaux pour faire tomber les « cognes ».
Son père aborda son exploit du jour : il avait refusé le certificat de fin de travaux pour la reconstruction du pont de Tomblaine parce que l’entreprise avait triché sur la qualité du béton.
- T’as raison le Léon, l’approuvèrent les Sanbucco. Les capitalistes sont tous des fumiers !

 

La tenancière leur prépara des œufs sur le plat et des pommes de terre rôties. Le Fofo eut droit aux restes de viande du midi. Sur le chemin du retour :
- Tu viendras à Tomblène, p’pâ ?
- Il y a un spectacle à la Maison du Peuple demain après-midi. Ce n’est pas ta mère qui peut s’occuper de la salle... Allez, avance ! fit-il au Fofo qui flairait une tâche sur le trottoir.

 
 

Le 13 avril 2015
(mise à jour le 6 juin 2019)

 

 

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Date de dernière mise à jour : 30/12/2023

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