Le pompon revenait au patron d’une gargote…
A l’approche du coucher du soleil, les serveurs apportèrent une chorba. La cuillère faisait un va-et-vient frénétique entre l’assiette et la bouche. Cette soupe, agrémentée de petites pâtes, était succulente ! Un coup d’œil lancé à la dérobade, un moment d’étonnement, ils constatèrent qu’ils étaient les seuls à manger. Le patron du restaurant s’en aperçu également :
- Attendez les autres pour manger ! aboya-t-il.
Les serveurs continuaient d’apporter le reste du repas : poulet accompagné de haricots verts, flan et fruit.
Soudain, le signal fut donné. Ce fut à celui qui aurait fini le premier. Malgré leur avance, ils furent largement distancés et ils finirent leur repas un quart d’heure après les autres. Au moment de payer l’addition, ils s’excusèrent :
- Nous ne connaissons pas les coutumes musulmanes et nous n’avions nul attention de choquer ou de provoquer. Mais si on ne nous avait pas servis, nous n’aurions pas mangé la chorba. De toute façon, elle était meilleure chaude.
Le patron fondit en excuses :
- Je sais que vous êtes Français. Pardonnez-moi, nous sommes tellement énervés pendant le Ramadan… On dit des choses qu’on ne pense pas et nous sommes méchants sans raison. Les serveurs se dépêchent pour manger en même temps que les clients. Nous sommes à jeun depuis le matin. Pardonnez-moi encore…
Le 27 janvier 1999