La Bibliothèque do Dan

En bref...

 

DAVID
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David, le fameux pied-noir, tenait l’hôtel de la Plage à Aokas, un village de la Corniche Kabyle. Et puis vint le jour où l’Algérie se libéra du joug colonial. Ceux qui avaient trop longtemps et sans partage, bénéficié des grâces de la France firent leurs valises.
Citoyen français d’origine algérienne et juive comme il aimait à le dire, David échoua à Argenteuil. Il travailla quelques années dans la même usine que Papa Mémed et le père de Maryse.

Longtemps avant l’indépendance, sentant le vent changer de direction, il avait accumulé un joli pécule dans une banque de métropole.
Ainsi en 1966, il put ouvrir un restaurant, réplique (à l’intérieur) de celui qu’il avait perdu.
- « L’Hôtel de la Plage d’Aokas » en plein Argenteuil. Cherchez l’erreur, railla Ibrahim. Et il ne fait même pas hôtel.
- C’est le meilleur couscous d’Argenteuil ! prétendit Papa Mémed. Et tu sais qui a repris l’hôtel à Aokas ?
Bien sûr, Maryse n’en savait rien.
- Le neveu de Rachid ! Mais si tu le connais. Rachid, le Kabyle du 4e. On se retrouve chez David à quatre retraités de l’usine.
- Deux musulmans : mon père le Rifain et Rachid le Kabyle. Un Juif : David le Pied-noir et un Communiste : Léon le Français. Tu vois le travail se boyauta Ibrahim.

LE FRIC
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La poste de Bamako n’avait pas assez d’argent pour payer les mandats. C’était le même problème partout au Mali. L’employé leur conseilla de demander deux mandats de 50.000 Francs Maliens (500 FF). Ils seraient plus rapidement payés qu’un seul de 100.000.

Le samedi matin, ils furent tout surpris de constater que leur mandat était arrivé. Les ennuis s’envolaient…
La joie fut de courte durée. Le même fonctionnaire leur annonça qu’il fallait s’inscrire sur une liste et attendre… mardi prochain.

LE REGNE DES NOUCHIS
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Treicheville était le « village » où se mélangeaient les commerçants libanais ou autres, les camelots africains, les dealers, les maquereaux, les petits voyous. Gens honnêtes et moins honnêtes s’y rencontraient.
C’était le règne des nouchis (voyous) qui cherchaient la gnagua (bagarres). Treicheville faisait peur. Sa réputation de quartier chaud où l’on se faisait facilement détrousser faisait dire aux Abidjanais que Treicheville, c’était le Petit Lagos.

L’un racontait :
- Je me suis fait rafler à la sortie d’une boîte de nuit. J’ai reçu, au moins, trente coups de matraque.
D’autres :
- Les C.R.S. sont armés de baïonnettes empoisonnées qu’ils lancent sur les fuyards.

Bref, côté C.R.S. ou côté nouchi, ce quartier n’était pas fréquentable. Malgré toutes ces recommandations et plusieurs soirs, nous rentrerons passé minuit. Il ne nous arrivera rien aucun nouchi ne nous vola notre pokô (argent), aucun nouchi ne chercha la gnagua, aucun C.R.S. ne tente de nous enlever.

AINSI EN A DECIDE ALLAH
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Nous faisons du stop aux premières heures. Un gars de Souk-el en 404 bâchée nous charge. A court d’essence, il passe par la station service d’Aokas. La file s’allonge sur une centaine de mètres sous l’œil des policiers. Notre gars décide de pousser jusqu’à Béjaia.
- Inch Allàh, lance-t-il.

Mais ce qui doit arriver… arrive. Nous tombons en panne.

PENURIE
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A Azazga (Kabylie), une longue file attendait pour prendre de l’essence et patientait sous l’œil vigilant des policiers. Ils attendirent une heure avant d’être servis.

 
 

BELLE ETOILE
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Le sable roule sous leurs corps afin de leur constituer un douillet matelas. Un grand plastique et des couvertures les isolaient du sol, bien enveloppés dans leurs sacs de couchage, seule la tête dépassait. Caressés par une légère brise, bercés par le bruit des vagues s’écrasant sur le rivage, ils regardaient le ciel merveilleusement étoilé. L’immense plafond brillait des étoiles les plus merveilleuses. Lorsqu’ils apercevaient une étoile filante, ils sentaient un bonheur intense monter. Qu’il était agréable de dormir à la belle étoile !

Au cours de la nuit, le vent se leva et souffla en direction de la mer. Il entraînait un nuage de très fins grains de sable. Et voici, que ce nuage s’infiltra dans le nez, les oreilles, les sacs de couchage et s’accrocha aux cheveux. Ils changèrent d’orientation et exposèrent leurs pieds au souffle. Ainsi, ils purent dormir tranquillement, bercés par ce nuage de un mètre de hauteur.

QUEL MEC SYMPA !
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Ils allèrent voir une ancienne connaissance, le patron de la gargote « Le Tropic ».

Vêtu de son éternel survêtement bleu clair à rayures blanches sur les flancs, le jeune les reconnut après un temps de réflexion. Mais il n’en dit rien.
Tout simplement, il introduit la cassette qu’ils lui avaient donnée quelques cinq mois plus tôt et mit en marche son poste-cassettes.
Pendant trois jours, ils ne paieraient ni repas, ni café.

ARRETE TON SPEED, MEC !
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Nous continuons le stop vers la corniche Kabyle. Un émigré de Dreux, en vacances, nous charge. Ce gars-là est un vrai Français. Il insulte les autochtones :
- Regardez-moi celui-là, il ne sait pas conduire.
Et gare à ceux qu’il peut coincer en leur faisant une queue de poisson.
- Ils sont trop dangereux, ils n’arrêtent pas d’avoir des accidents !

GENANT
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Le gérant du campement (sorte d’hôtel) était un peu collant. Après leur avoir souhaité « bonne arrivée ! », il porta leurs bagages et voulut laver leur voiture « pas pour de l’argent, juste pour le plaisir ». Il se répandait en gentilles et… courbettes.

TAM, TOUT SIMPLEMENT
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La foire était entourée de longues enfilades d’arcades écrasées par de lourdes bâtisses. Au-dessus des toits rouges apparaissaient, en toile de fond, des minarets.
Le cinéma projetait « Hurlement ». Nous avions bien envie de le voir… Mais, l’importance de la chaîne (la queue) suffit à nous décourager.
Durant la journée, lorsque la ville perdait son animation au profit de la sieste, nous trouvions des cigarettes au petit marché.
Sur la droite, un quartier de petites maisons en toub (sable). Sur la gauche, juxtaposée au champ de foire, la caserne. La route bien goudronnée était… interdite aux civils. La chaussée parallèle menait à la frontière. D’immenses maisons en toub la bordaient.

 

Date de dernière mise à jour : 24/07/2024

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