Une table était occupée par deux Français. Immédiatement, la conversation s’engagea.
- Il y a beaucoup de Français, ici, constata Marcel.
- L’Algérie manque de cadres, la France fournit ceux qu’elle a besoin, acquiesça celui qui se prénommait Lucien.
Total, Elf, Schlumberger, mais même des étrangers comme Getty Oil, Deminex et Hispanoil avaient recours à des gens de France. C’était plus pratique :
- Nous avons un fond commun avec les Algériens et nous parlons la même langue.
Son voisin dépannait des engins de chantier pour le compte d’une société algérienne et se plaignit d’être payé en dinars :
- Tu ne peux rien faire avec cet argent. En dehors de l’Algérie, personne n’en veut.
- C’est sûr qu’on a plus d’avantages en travaillant pour une société étrangère, approuva Lucien. Moi, mes frais de déplacements sont payés en dinars. J’ai largement de quoi vivre. Ma paie proprement dite est versée sur un compte en France. Ça me fait presque un double salaire.
- Je ne vois ma famille que tous les deux mois… J’en ai marre d’être ici.
- C’est le plus dur, reconnut Lucien. Je suis marié et j’ai un gosse… Mais à part ça, je suis peinard. J’ai tout le confort.
Les Français offrirent le café et :
- Je peux vous loger chez moi, proposa Lucien. Ça vous économisera de l’argent, vous en aurez besoin pour votre voyage. C’est juste à côté.