Un des loisirs favoris de notre pépère se résumait par un mot : jardinage. Justement, il exploitait à la sortie de Château sur la route de Nancy, en suivant le chemin « derrière la Basse Courcelle » qui descend vers la Petite-Seille, un petit lopin de terre. Que d’heures a-t-il passées à aligner ses plantations, à arracher les mauvaises herbes, à arroser. C’est que not’ pépère était fier de son œuvre. Et, puis, il aimait partager sa passion. Du moins, il aurait aimé…
Maintes et maintes fois, il entraînait sa famille dans ce lieu magique. Bien sûr not’ môman suivait le mouvement… Mais, voilà, la mécréante prétextait que la terre était bien trop basse, que la terre s’infiltrait sous ses jolis ongles de jeune fille. Même enfant, notre môman ne s’est jamais intéressée aux travaux de la terre. Et pourtant, nombre de gosses aimaient entretenir leur petit jardin au sein de celui de leurs parents. Bref, notre môman préférait, en saison, bien mieux cueillir des cerises que de s’adonner à la culture.
Not’ pépère était tenace, opiniâtre. L’échec avec sa fille ne le découragea nullement. Crois-moi. Les jeunes qui travaillaient à la sous-préfecture en journée et ne savaient quoi faire le soir, eh bien, il les entraînait au jardin. Je ne sais si not’ pépère a suscité quelques passions. Mais, je peux te dire, qu’à l’époque, ces jeunes mangeaient plus le produit du jardin et des arbres fruitiers qu’ils ne participaient à leur croissance.
C’était cela le plaisir de not’ pépère. Tu en doutes ? Je peux te certifier que not’ sœur aîné et notre Daniel étaient bien petits lorsque not’ pépère les emmenait avec lui. Pour la petite histoire, ni notre sœur, ni notre frère (à l’image de notre môman) n’aiment le travail de la terre.
6 février 2002