Lorsqu’en 2017, j’ai pris ma retraite et décidé de quitter le camping pour m’installer dans le village où habitaient autrefois mes parents, j’ai naturellement pris leur médecin comme médecin traitant. Lui nous connaissait depuis bien longtemps (une trentaine d’années) autant que nous le connaissions. La première fois que je lui présente le rapport de ma coloscopie, il dit : Akue-Goeh, c’est un… Oui, c’est un gastro-entérologue. Il bafouille un peu : Enfin… (nous sommes habitués aux médecins juifs, cela fait longtemps qu’ils exercent chez nous, cela il ne le dit pas mais c’est tellement sous-entendu) c’est un… reprend-il sans finir sa phrase. Oui, que je lui réponds, c’est un Noir. Je n’ai rien contre, finit-il par articuler, c’est juste son nom… Bon, passons, l’objet de ma prose n’est pas là.
J’arrive à la clinique à 9h30 ainsi qu’on me l’a demandé. Ah, voilà le troisième, que me dit la guichetière des admissions. Comme votre frère et votre sœur, vous ne réglez pas tout suite les 30€ ? (c’est un racket de la clinique même pour les gens qui sont à la CMU). L’enregistrement fait, je monte au service ambulatoire. Asseyez, on va venir vous chercher. J’attends, je patiente, je commence à m’ennuyez. Approche les 10h45. Ils ne m’ont pas oublié ? La guichetière consulte son registre. Oui, vous êtes bien inscrit pour 10h. Attendez, je vais me renseigner. Elle revient rapidement : docteur Akue-Goeh a quelques retards. Ça ne va pas tarder. En effet, même pas cinq minutes et un infirmier vient me chercher : Ah ! le frère des deux précédents. Il m’amène dans un…espèce de vestiaire. Pour un peu, je me croirai dans une usine.
Juste Sab sort, sa période clinique est terminée, elle va pouvoir rentrer au camping. T’as vu dans quoi on se retrouve, le choc ! Hé oui, autrefois, on était installé dans un box avec un lit, un placard à notre disposition. Et moi qui plaisantais : je vais aller à la clinique à 8h du matin, comme ça, je pourrai finir ma nuit. Et me voilà dans ce vestiaire avec cette batterie de casiers. L’infirmier me dit pompeusement : vous aurez le coffre-fort n°17. Un simple casier juste assez grand pour entasser mes fringues et mes godasses. Et tu n’es pas au bout de tes surprises, mon gars, m’avertit Sab. Moi, je m’étais déshabillé et commençais à enfiler ce bleu de travail, pardon ce pyjama bleu. Tu as mis ta camisole à l’envers, rigole-t-elle. Attends, je vais t’aider. Et ta charlotte ? Ah ! c’est ce truc tout fripé ? Je l’ai jeté sans savoir ce que c’était… Et l’infirmier tire un de ces fauteuils mêmes pas confortables : je vais brancher l’aérosol. Me voilà dans l’entrebâillement de ce local de déshabillage, l’aérosol branché à l’intérieur. Du coup Sab doit se changer dans la seconde cabine.