Au printemps 1952, nous emménageâmes, chez la tante Agathe. Allez va, la maison n’était pas très éloignée de la Sous-préfecture et de la mémère. Une centaine de mètres tout au plus, un peu plus haut dans Notre rue, mais sur le trottoir vis-à-vis. D’abord, il fallait vider le logement maudit. C’est que les Higelin s’étaient carapatés comme des criminels...
- Tu vois Henri, depuis le temps que je te dis de prendre ces meubles...
- Tante Agathe, je ne veux pas les meubles des Boches ! (rétorqua notre pépère).
- Hé bien, ils serviront à l’Oda...
- Ni l’Oda, ni la Nénète ! Personne ne touchera aux meubles des Boches.
Et notre pépère fit ce qu’il avait décidé. Quasiment à la hache, les meubles furent réduits en morceaux de bois que la chaudière de la Sous-préfecture avala. Notre pauvre papa, qui était menuisier et avait quelques connaissances en ébénisterie, ne put escamoter que quelques panneaux. Et à le voir baver devant ce trésor, je puis imaginer que ces meubles étaient bien beaux.
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