Lorrains avant tout !

Puisons-nous nos racines dans le Royaume d’Austrasie, dans cette époque où Metz rayonnait sur une partie de l’Europe occidentale ? Ou alors chez Charlemagne dont les parents étaient originaires de Metz ? On raconte que nos voisins platts parlent la langue de l’empereur à la barbe fleurie. Ou bien dans cette Lotharingie, large bande qui reliait les Vosges à la Frise ?

 

Toujours est-il que le duché de Lorraine resta indépendant et vassal de l’Autriche de longs siècles. Alors que nos voisins des Trois Evêchés (Metz, Toul, Verdun, sans oublier Vic-sur-Seille) et l’Alsace étaient Français depuis plus d’un siècle. De fait, l’influence française s’accentua parce que ce fichu duc François III, devenu François Ier empereur d’Autriche, nous échangea contre le duché de Toscane. Du brouillard contre du soleil… A la mort de Stanislas, on nous rattacha à la France… bien qu’une frontière nous séparait encore du reste du pays. Ce n’est qu’à la Révolution de 1789 que nous devînmes de vrais Français… pour peu de temps. Même pas un siècle, et les Prussiens créaient l’Elsass-Lothringen et nous rattachaient à leur empire.
Et voilà, nous sommes Français depuis 1918. Je mets entre parenthèse l’époque nazie. Car, lorsque 97 % de la population s’exile, on ne peut pas dire que Château-Salins soit devenue allemande.

 

Dans les années 1970, cette question de Français ou d’Allemands me turlupinait. Aussi demandai-je à ma grand-mère maternelle si elle se sentait française. Elle comme son mari étaient nés à l’époque prussienne. Ils parlaient et écrivaient aussi bien l’allemand que le français. Ma grand-mère me répondit sèchement :
- Tu sauras que je suis plus Française que les Français ! Les Boches nous ont foutu à la porte en 40.
- Alors, tu n’aimais pas les Allemands lorsque tu étais jeune ?
- Avant 1918, ce n’était pas pareil. On était bien avec les Allemands. Pas en 40 !

 

Ironie de l’histoire, ma grand-mère avait la nationalité suisse avant son mariage. Enfin, elle était Suisse parce que son père venait de là-bas. D’ailleurs sa mère et sa sœur aînée, qui gardèrent avec fierté cette nationalité jusqu’à leur mort, étaient sur la même longueur d’ondes. Elles revendiquèrent leur origine lorraine lors de l’exil. Alors que les autorités suisses leur proposaient soit d’intercéder pour leur retour à Château-Salins annexée, soit de les rapatrier en Suisse, elles refusèrent tout net. Leur patrie c’était leur famille et le lieu où elles vivaient.
Faut-il encore un exemple ? La sœur cadette de ma grand-mère. Dans les années 1990, alors que je dressais l’arbre des Kihm, je buttais sur la tante Paul. Je connaissais son second mari, le nonôn Auguste, mais pas le premier. « C’était un Français, me répondit ma grande tante. Le Paul Vergnory… » (sous-entendu, il n’était pas Lorrain).

 

Ma grand-mère et ses sœurs, comme mon grand-père d’ailleurs, avaient l’habitude de dire que, au-dessus de Mor-hanche (Morhange), c’étaient les hachepailles. Pourtant, la branche maternelle de ma grand-mère venait de Forbach et de la Saar.
Elles poursuivaient en disant que, de l’autre côté de la Seille, c’était les Français. Elles rajoutaient, les Français de l’Intérieur lorsqu’elles voulaient être aimables avec quelqu’un, tel mon père, qu’elles ne voulaient pas choquer. Et elles concluaient qu’à Château-Salins, nous étions les seuls vrais Lorrains.

le 27 octobre 2007

 

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Date de dernière mise à jour : 14/07/2024

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