Ironie de l’histoire, ma grand-mère avait la nationalité suisse avant son mariage. Enfin, elle était Suisse parce que son père venait de là-bas. D’ailleurs sa mère et sa sœur aînée, qui gardèrent avec fierté cette nationalité jusqu’à leur mort, étaient sur la même longueur d’ondes. Elles revendiquèrent leur origine lorraine lors de l’exil. Alors que les autorités suisses leur proposaient soit d’intercéder pour leur retour à Château-Salins annexée, soit de les rapatrier en Suisse, elles refusèrent tout net. Leur patrie c’était leur famille et le lieu où elles vivaient.
Faut-il encore un exemple ? La sœur cadette de ma grand-mère. Dans les années 1990, alors que je dressais l’arbre des Kihm, je buttais sur la tante Paul. Je connaissais son second mari, le nonôn Auguste, mais pas le premier. « C’était un Français, me répondit ma grande tante. Le Paul Vergnory… » (sous-entendu, il n’était pas Lorrain).