Et tout le monde se retrouva dans la grande salle derrière la mairie, là où répétait la musique. Enfin tout le quartier, tout le haut de la ville. Mais ça faisait quand même pas mal de monde. Il y avait un tel bastringue, que l’Oda se faufila pour entendre les consignes et quel abri on attribuait à sa famille. Puis, elle partit à la recherche de ses copines et copains. Tiens voilà le Mimil’ :
- On s’ra dans le même abri ! se réjouit-elle.
- Pas moi, pleurnichèrent ensemble la Mimie et une autre copine.
… Mais :
- Oda ! Reviens, ordonna sa mère. Ça va être la distribution des masques. Allez, r’viens !
Déjà sa sœur et la Louise essayaient leur nouvelle acquisition.
- C’est ce truc qu’va nous protéger des gaz ? douta l’Oda. Môon…
L’Oda se mit à rire en les voyants. Ah ! Ça leur faisait une drôle de figure. De gros yeux tous ronds, un visage qui s’allongeait démesurément jusqu’à former un groin de monstre.
- Essaie ton masque, grogna sa mère. S’il t’va pas, il faudra le changer.
- Allez Oda, met ton valentin. Moi aussi, je vais m’moquer d’toi…
Ce fut ce jour-là que la Louise baptisa « valentin » les masques à gaz sans que jamais personne ne sut pourquoi.