Vengeance

Regarde la gueule que je me trimbale. Plus je me regarde, plus je me dégoûte. Ils m’ont bien arrangé les salauds. Vise un peu ma gueule : lèvres fendues, l’œil au beurre noir, sans oublier les côtes endolories.

 

Comment ça c’est passé cette histoire ? Simple. On a fait une petite bordée avec l’équipe. Tiens c’était dans un rade comme celui-là. Accoudés au bar, on buvait tranquillement, sans rien demander à personne. On se racontait même des histoires.
J’étais en train d’en raconter une bonne, une de cul. Celles que je préfère. En gesticulant, j’envoie valdinguer le demi du mec à côté. L’autre, il commence à m’insulter, il dit un truc comme :
- Vous pouvez pas faire attention…
Avec un accent pas possible, je te jure. Forcément, ça n’a pas plus au Teigneux. Il lui a balancé :
- Si t’es pas heureux, t’as cas foutre le camp chez toi !
Il lui a dit gentiment, sur le ton de la plaisanterie. Nous, on cherche jamais la bagarre, c’est toujours les autres qui provoquent.

 

Mais voilà, le mec s’est mis à gueuler. Ses amis s’en sont mêlés. Même le patron du café a sorti son nerf de bœuf. Et bing ! Et bong ! Coups de poings, coups de pieds, envolées de chaises, envolées de tables. Nous, on était que cinq. Eux, une quinzaine. Si bien qu’on s’est fait massacrer.
On retournera dans ce rade, avec un calibre ou une grenade. Et là, ça ne se passera pas pareil !

 

Eh, vas pas croire que je sois raciste, hein ? Tous les soirs, je vais dans les cafés crouilles. De toutes façons, il n’y a qu’eux d’ouverts tard en banlieue.

Le 16 avril 1993

 

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Date de dernière mise à jour : 13/07/2024

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