Le train s’ébranla. Les sentinelles semblaient apaisées de voir ces mauvais allemands foutre le camp. La locomotive prit la bonne direction. Où allaient-ils ? Quelle importance, ils partaient vers la France. Déjà, la gare de Château défilait. On essaya d’entrevoir sa demeure… On se précipita à la vitre vis-à-vis : les salines étaient bien tristes, leurs hautes cheminées ne crachaient plus. Du plus loin qu’ils purent, ils restèrent accrochées à ces hautes cheminées. Ah ! Château… La Petite-Seille, la gare de Salonnes, celle un peu plus grande de Burthécourt, celle encore plus grande de Chambrey. Nouveauté pour les jeunes, souvenirs remis au goût du jour pour les anciens : « Les Boches ont rétablis la frontière ! ».
Depuis cinq mois, on leur prédisait qu’ils ne repasseraient plus jamais cette frontière… Aujourd’hui, ils la traversaient sans même s’arrêter.