Séné, Séné, Sénégal…

Salvador de Bahia

Comment te conter Salvador de Bahia ? Ordre chronologique ? Par les rues ? Par les quartiers ? Par les monuments ? Salvador est tellement merveilleuse. J’ai tellement de choses à te dire. Mon grand souhait serait que, lorsque je te reverrais là-bas, tu me montres ton billet d’avion, ton passage pour l’aventure, le fantastique.
Oh, j’ai une idée, je vais te peindre des tableaux. Par touche, tu vas découvrir Salvador et son peuple. Je ne sais pas si ma palette cervicale possède les coloris nécessaires. Je ne sais même pas si je serais capable de te retranscrire ce séjour inoubliable.

 

Dès que tu aperçois Salvador, tu as envies de l’aborder tellement elle est belle, sensuelle. Tu ne souhaites plus que de faire sa connaissance, la draguer, fleurter avec elle, l’embrasser, la caresser, la cajoler. Ta main curieuse découvre tous ses secrets. Tu veux t’enfoncer encore plus profondément dans ses ruelles, ne plus faire qu’un avec ses places.
Plus tu jouis, plus tu l’aimes, plus elle t’aime. C’est plus fort que toi, tu veux la retrouver. Elle seule connaît les plantes aphrodisiaques. Elle seule connaît les arguments irrésistibles qui te retiennent. Pourtant, elle n’est pas tendre, ses tours en vache resteront marqués. Juste avant de repartir chez toi, après un dernier baiser, un de ceux qui bouleverse le cerveau, tu lui murmureras : Je te jure, je reviendrai. Rien que pour toi. Juré !

 

Et, maintenant, installe-toi dans un bon fauteuil. Mets sur ta platine un bon disque genre de ceux que l’on entend partout ici. Un disque qui aurait très bien pu passer dans un bar africain tellement la musique fleure bon ce continent. « Africa du Sul » ou « Madagascar »… Tout compte fait, mets plutôt ce groupe de reggae brésilien qui chante « Sénégal »…
Maintenant, rouvre les yeux. Tu es à 7 ou 8.000 km de chez toi, je ne sais pas, tu ne sais pas non plus. De toute façon, on s’en fout. Tu es en automne, alors que chez toi c’est déjà le printemps. Veux-tu encore rajeunir ? Chez toi, il est quinze heures. Ici, il n’est que dix heures…

 

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« Séné, Séné, Sénégal ! »… la musique reggae baigne la vaste salle où tu prends ton petit-déjeuner. Un morceau de mangue, un autre de pastèque, oui, tu es bien sous les tropiques. La main tremblante porte le bol de café au lait additionné d’eau. Ta voisine, l’Allemande, est en train de beurrer sa tartine avec cette… margarine salée.
Mais, dépêche-toi, Salvador ne vas pas t’attendre toute la journée… Viens ! Allons !

 

Après le carrefour commencent les échoppes qui vendent des tableaux naïfs, des objets de culte candomblé, des bibelots... Les ateliers de peintre ou autres s’intercalent. Jadis, ce quartier devait être très joli. De nos jours, les vieilles demeures coloniales sont délabrées, presque des taudis.
Parait qu’elles sont en passe d’être rénovées. Tu souhaites, que leurs habitants qui sont pauvres, puissent rester dans leur quartier. Qu’ils ne seront pas refoulés à la périphérie de la ville comme cela se passe partout…

Peu de voitures sur les pavés de cette rue légèrement en pente, on s’y promène tranquillement. Reconnais qu’ici les automobilistes sont bien moins excités qu’à Rio. Devant une boutique de souvenirs pour touristes, de fringantes bahianaises en robes régionales interpellent les passants. Elles te proposent une belle robe blanche semblable à celle qu’elles portent.
Quelques pas. Arrête-toi ici. Ferme les yeux. Aspire profondément. Hume encore. Tu sens cette bonne odeur ? Ce parfum… Regarde par ici, on trouve tout ce qui se fabrique en cuir : ceinture, sacs, pochettes… Le rue Baroquinha dégringole entre les stands. La médina et son souk des cuirs, lâches-tu précipitamment. Tu as perdu la tête ? Eh, tu es à Salvador, pas à Fès.

 

Et maintenant renifle cette bonne odeur de pain qui s’échappe de la lanchonete. Le plaisir des narines ! Un hamburger ? Un pastel ? Une saucisse ? Non, tu n’as pas faim ? Juste au-dessus, au premier étage, se niche le minuscule clube où Jorge t’avais emmené danser l’autre soir.

 

Tiens voilà le grand Sé. Pour se différencier du commun des mortels, il se laisse pousser une petite queue sur la nuque. Aujourd’hui, il trimballe un Français dans le dédale des ruelles. Ce Gringo paraît sorti de sa boîte du 16e alors qu’il habite le 20e arrondissement de Paris. Ce n’est certainement pas avec lui que tu te lieras d’amitié.
D’ailleurs, le grand Sé ne l’aime pas non plus ; mais le touriste lui donnera des dollars en échange de la visite. Il est pire que toi ricane le Grand Sé : le bougre apprend un mot, une expression, une demi-heure après il ne s’en rappelle déjà plus. Ça te rassure, hein ?

 

La philosophie du grand Sé est simple. Pour lui, le Brasil est un pays libre parce qu’on peut enlever son polo en pleine rue, se promener en short ou sans chaussure. Personne ne trouvera à y redire. Et on peut jeter des papiers ou autres détritus sans avoir de contravention. Sûr il n’aimerait pas vivre dans ce pays… Comment il s’appelle ce pays ? Le grand Sé n’arrive pas à s’en souvenir, alors lorsque tu scandes « la Suisse », il est ravi.
Le grand Sé te souhaite « bonne journée », il emmène son touriste à la cathédrale. Boiseries sculptées, grilles dorées, statues multicolores, niches pour saints, plafonds peints, tu connais déjà toutes ces richesses que le clergé catholique a volé aux pauvres…

 

 « Séné, Séné, Sénégal… », la musique dégueule du bar vis-à-vis. Le reggae brésilien t’allèche. Des murs crasseux et écaillés, un bar peu reluisant. Les chaises ne sont guères plus confortables que les tabourets. Le boui-boui n’a rien de spécial, et pourtant…

 

Tiens l’Allemande de l’hôtel est déjà là. Elle discute avec des amis brésiliens. Elle est formidable cette fille, hein ? Elle parle allemand, évidemment, portugais, espagnol, anglais, français… Tu te sens bien bête à côté d’elle…
Avoue que tu l’as bien fait rire ce matin lorsque tu lui as narrée ta surprise de la veille. En rentrant, tu avais trouvé la porte de ta chambre ouverte, alors que tu l’avais fermée le matin. Ton sac à dos avait été exploré. Le sac contenant l’appareil photos avait été déplacé près de la porte, prêt à être emporté. Elle te conseilla d’en parler au patron de l’hôtel et de déposer tes affaires précieuses dans le coffre-fort. Quand aux photos : elle s’était moquée de toi en disant que les souvenirs, c’est bon dans la tête, pas sur du papier.
Fais-lui un petit signe…

 

Installes-toi à la table juste devant la fenêtre ouverte.
Regarde, là ! Sur la droite, assis à quelques tables, deux espèces en voie de disparition avachis sur leurs chaises. Ces deux rescapés du mouvement hippie des années soixante dénotent. L’un d’eux essaie de singer les rastas en nattant (mal) ses longs cheveux châtains. Non, ne prends pas de photo ! Ils ressemblent plus à des pouilleux qu’à des pièces de musée.

 

A l’entrée d’une maison vis-à-vis, un vieux Noir à la chevelure et à la barbe blanches est assis sur une chaise. Salue-le, c’est un personnage mythique à Salvador... Regarde, il ressemble aux têtes sculptées que l’on trouve dans ces boutiques. Ou peut-être est-ce ces têtes sculptées qui ressemblent à l’homme ?
Le magasin à côté, tu le connais grâce à Josué. Ici l’on vend des pierres précieuses. Le commerçant t’avait fait l’article en français, s’il vous plaît. Il t’avait proposé toutes sortes d’achats et l’expédition en France. Il prenait même la carte bleue…

 
 

 

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Date de dernière mise à jour : 02/08/2023

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