Séné, Séné, Sénégal…

 

Un peintre naïf à… Paris

L’incident est clos ! La fillette revient se blottir contre toi et te propose un nouveau lembraça de Bonfim. Celui-ci est vert, le précédent était bleu. Tu cèdes à nouveau, tu sors quelques billets crasseux de 50 CzS. Un nouveau bracelet orne ton poignet.
Bras dessus, bras dessous, la fillette et son copain sortent du boui-boui. Ils traversent en dandinant l’étroite rue et entrent dans la lanchonète vis-à-vis. Tu sais, c’est ce fast-food d’où s’évade la bonne odeur de pain frais.

 

La fillette et son copain ressortent de la lanchonète propriétaires d’un casse-croûte.
De retour au boui-boui, ils s’installent à deux tables de toi. La fillette te montre son casse-croûte, coupé en deux puisqu’elle l’a partagé avec son copain. Elle t’adresse un large sourire. Tu n’avais pas compris qu’il lui manquait juste quelques Cruzados pour s’offrir à manger. Allez, fais encore un effort, offres-leur des Fanta.

 

Adossée au mur juste devant le boui-boui, la camelote vend de très bons gâteaux. Oh ! Ne fais pas cette mine d’écœuré en voyant la crasse qui meuble le fond de son baquet. Le jus a dégouliné, c’est tout. Goutte-moi un morceau de cette galette à la noix de cocó. Oui, c’est très sucré, mais tellement bon !
Aller, laisse ton cœur s’exprimer, achètes des morceaux de galettes pour la fillette et son copain…

 

La sono du bar égrène la chanson de Roberto Carlos. Ce chanteur très populaire t’a déjà fait rêver avec son clip qui passe régulièrement à la télévision O Globo. Tu y a vus des Amérindiens sur leurs pirogues et à la chasse. Ils reprennent la chanson en cœur… En un tour de main, ton copain Josué avait relégué ton enchantement au musée. Ce clip était une publicité pour la FUNAI, cet organisme gouvernemental trahissait les Indiens qu’il prétendait défendre, t’avait-il dit. Et puis, Roberto Carlos, c’était de la musique commerciale…

 

Tiens, voilà Jorge… Sapé comme toujours, penses-tu… Des rectangles jaunes, violets, verts donnent l’impression que son pantalon blanc est rapiécé. Ah, aujourd’hui il a mis un chapeau de paille. Ça le fait ressembler à un épouvantail, pouffes-tu. Lui te rétorque que ça le protège de la pluie. Il te fait tâter sa chevelure rasta afin que tu constates qu’elle est sèche.
Jorge, c’est un Français comme toi… Bien qu’il soit Brésilien et le revendique. Il est même originaire de Salvador et en est fier. Mais, cela fait quelques années qu’il vit à Boulogne-Billancourt. Là-bas, il rénove des meubles anciens, peint des tableaux naïfs, sculpte des tablettes en bois. La belle vie ! clame-t-il. Et sans problème d’argent puisqu’il gagne 15.000 francs minimum. De quoi te faire rêver avec ton salaire qui ne plafonnait qu’à 5.500.

 

Bref, Jorge est en vacances pour trois mois… Le retour en France est prévu pour la semaine prochaine… Ou celle d’après… Ou encore après… Jorge n’est pas bien fixé. Mais, c’est sûr, il retournera à Paris.
Le côté déplaisant, c’est que son avion décollera de Rio. Rio ! Jorge n’aime pas cette ville. Les gens sont trop speed, on ne peut pas traverser une rue sans courir… Il ne comprend pas comment tu as pu rester deux mois dans cette ville. En arrivant de France, il devait y passer cinq ou six jours, il n’en a tenu que deux. Le quartier de Santa Théresa, oui c’est bien, un peu comme « notre Pelourinho »…

 

La fillette et son copain sortent du boui-boui. En passant devant « ta » fenêtre, ils te saluent chaleureusement et te souhaitent une bonne soirée.

 

La première fois que tu avais rencontré Jorge, il était affalé contre une voiture. Sa toile posée sur le capot et son crayon en l’air attendaient que l’inspiration lui donne le feu vert pour tracer l’esquisse de sa prochaine œuvre. Un petit village, apparemment africain, espérait naître…
Ta venue lui avait scié son inspiration. Comme la tchatche fait partie de ses principaux divertissements, Jorge avait rangé crayon et toile. Il t’avait proposé d’aller au petit bistrot voisin boire une batida de maracujà, cachaça et jus de fruit de la passion. Une ballade dans le dédale des rues. Un dîner dans un petit resto. Vous aviez fini la soirée autour d’un billard dans un bar proche du Pelourinho.

 

Ah revoici le tube de reggae brésilien « Séné, Séné, Sénégal… ». Hein ! Tu commences à le connaître celui-là… Ce groupe vient juste de sortir un nouveau tube. Il parle de la Jamaïque et du Brasil, de Bob Marley et de Gilberto Gil.

 

 

Séné, Séné, Sénégal…?
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~ Un peintre naïf à… Paris
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Luiz, le musicien

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Date de dernière mise à jour : 30/07/2024

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