La Bibliothèque do Dan

Les courts circuits

Inutile de faire ses courses au supermarché. D’abord, c’est loin, 12 à 14 km selon l’endroit que je choisis. C’est cher. Ça engraisse les trusts de l’alimentaire. Sans compter que leurs produits, ils viennent de je ne sais où.  Certains ont même parcouru des centaines de kilomètres et contribuent à polluer notre atmosphère. C’est décidé, je choisis les courts circuits.

 

C’est bon les œufs, c’est des protéines. Bonne idée. En face de chez moi, il y a un poulailler. Il n’y a cas se servir. Alors de bon matin, j’ai escaladé le grillage…  C’est marrant les poules, ça ressemble à un oiseau. Ça saute, mais ça ne vole pas ou si peu, même pas trois mètres. Et puis, elles ont de jolis poussins de couleur jaune. Et leur cri est bien différent de celui des oiseaux. Le propriétaire du poulailler raconte à qui mieux-mieux que ses œufs sont plus bons que ceux de Pâques. C’est bien l’occasion de le vérifier.

J’approche, plusieurs poules couvaient. J’en pousse une. Elle braille comme un veau. Horreur ! J’en pousse une deuxième. Horreur ! Une troisième… Horreur les poules couvaient des œufs en or ! Penses-voir des œufs en or cela ne nourrit point son homme ! Sans compter que je me serais cassé les dents en voulant en manger un. 

 

Dépité, j’abandonnais les poules aux œufs d’or. Je repasse le grillage, je traverse la place… Un meuglement me tire l’oreille. En face, juste à côté de chez moi des vaches. Je me dis comme ça, tiens je vais aller voir ce qu’elles ont pondu celles-là. Les barbelés m’égratignent le dos… Quelle déception. Les vaches n’avaient pas pondu d’œufs, mais des bouses. Et des bons tas. Et ça, ça ne se mange pas !

Alors, je suis rentré chez moi. C’est là en voyant mon grand couteau posé sur la table que l’idée m’est venue. J’ai donc pris mon grand couteau. Je l’ai bien aiguisé et je suis allé dans le champ à côté me tailler un steak. Un régal ! Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi la vache, et seulement celle-ci, n’arrête pas de gueuler. Franchement question nuisances sonores : les meuglements des vaches, ce n’est pas top ! Si quelqu’un a une idée pour la faire taire, car elle me casse les oreilles.

Je ne parle pas la langue meuh, donc je ne pouvais la consulter. Au moins lui demander pourquoi elle meuglait tant. Ça m'attriste. Et je n’ai pas vu si la vache avait les yeux ahuris vu qu’ils étaient envahis par les mouches.
C’est qu'elle aurait mal ? Penses-tu. J’en ai vu plein, des steaks emballés sous vide dans mon supermarché. Bâ alôre, quand j’ai pris deux emballages, le rayon n’a pas meuglé. C’est donc qu’il n’a point eu mal. Rayon ou vache, c’est du pareil au même. Tous deux, de façon différente, offre des steaks. C’est donc que la vache n’a point eu mal.

Et voilà, le paysan qui se radine avec sa fourche. On raconte que les paysans sont pour l’écologie et le commerce de proximité, les courts circuits en somme. Mais celui-là, c’est tout le contraire.

 

Il y a deux ans, il avait mis un beau cheval dans le pré. La pauvre bête était toute seule. Dès qu’il me voyait, il accourait pour dire bonjour et se faire caresser. Lorsqu’il faisait trop chaud, je lui apportais un seau d’eau. Le cheval hennissait et remuait la tête comme pour nous remercier.
Toute cette affaire n’a pas plu au paysan. A l’époque, il m’avait planté sa fourche dans le pied. Le pied droit, tu parles si je m’en souviens. Résultat : handicapé pendant trois mois. Au début, je ne pensais pas manger ce cheval. Mais il était si gentil, si doux, si appétissant... Je n’ai pas pu résister. Il était rudement bon. C’est que j'aime bien les steaks de cheval. J’avais même garni tout mon congélateur. J'ai mangé les derniers steaks à Noël dernier. J’en ai encore le doux souvenir.

Ah, le paysan est toujours là à surveiller sa vache ! Je ne pourrai pas me tailler un steak aujourd’hui. Je vais plutôt me rabattre sur un Pigeon. Tiens demain, j’essaie d’en attraper un !
Il y a bien la solution de ne pas consommer de viande... C’est bien d’être végétarien aussi... Je viens de cueillir une salade chez un autre voisin. Depuis que je l’ai posé sur ma table à trancher le lard, la salade n’arrête pas de gémir et de se tordre dans tous les sens... Je crois que je vais l’achever d’un coup de maillet.

Pour sûr, j’abandonne l’idée des courts circuits. Ça ne vaut pas le coup.

 
 

Le 6 juillet 2020

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Date de dernière mise à jour : 29/12/2023

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