Au bout d’un moment, l’Emmanuel déclara :
- Tu sais, il m’fait pitié le Drouin…
Un ricanement appuyé d’un haussement d’épaules balaya sa réflexion.
- Il a eu la vie dure, reprit-il. Ses parents sont morts quand il était jeune… Son oncle, aussi, est mort… Et puis les gens qui l’ont élevé... comme dit l’Père…
- Et ta sœur Louise, tu crois quelle méritait ça ? Un sale type, ce Drouin, je te dis ! Mets-toi bien ça dans la tête. Père est comme toi, il lui trouve des excuses…
- Il fait un travail dur…
- Et toi ? Tu ne travailles pas dur ? A douze ans, on t’envoyait dans les champs du Choné… Et aujourd’hui, à l’usine... Ce n’est pas pour autant que tu es devenu un sale type.
- Oui… Oui… Mais, si je fais quelque chose de mal, tout de suite l’Père ou la Mère me réprimandent... Pareil à l’usine, y a toujours un camarade... Comme ça, j’comprends que c’est pas bien… Faudrait qu’on l’aide…
- Raconte pas d’histoires Emmanuel ! Avec ce qu’il a fait la dernière fois…