L’été dernier, le Drouin avait, une fois de plus, battu sa femme. D’habitude, la Louise n’en soufflait mot à son père. Mais, cette fois-la, la Louise s’était réfugiée chez lui avec le petit-René. Le Père avait demandé au Drouin les raisons, l’autre avait rétorqué : « Je voulais de la salade au dîner ! ».
- J’aurais dû intervenir…
- Moi aussi, j’aurai dû… acquiesça l’oncle Charles en s’essuyant les yeux.
- Vous n’êtes pas responsables ! scanda la Marthe. L’Odile a raison, le Drouin est un sale type !
- C’est une martyre, reprit le père. Toujours, elle nous cachait son malheur…
Elle ne cachait rien à l’Odile. Encore le mois dernier lorsque les deux sœurs s’étaient retrouvées. La Louise lui avait raconté que chaque jour son mari la battait. Elle avait même rajouté : « Il me tuera certainement une fois ou l’autre ».