La Françoise fut très contente de ma visite. Pas d’embrassade vu que la Covid traînait encore dans nos contrées. Aussitôt, elle sortit une bouteille de quetsche :
- Te dois pas en boire beaucoup, là-haut à Paris…
J’avais beau répéter que je n’habitais plus la Région parisienne depuis longtemps, ils s’entêtaient tous à m’y loger malgré moi.
- J’pensais bien que tu viendrais me voir. Le Keulot m’avait invité à manger ce midi, mais je suis monté voir mes parents. Ça fait même pas une heure que j’suis rentrée.
On discuta de choses et d’autres et au bout d’un moment, je demandais :
- Le Bernard, il est au Qwâroye pour la course de ch’vaux, au moins ?
La Françoise éclata de rire :
- Ah, ça fait du bien de rire un peu. Toujours ton humour, le Dan.
C’est vrai, ma question était idiote. Bien sûr que le Bernard était parti jouer au Qwâroye, il y allait chaque année. On discuta de choses et d’autres, du bon temps d’avant, de quand on était jeune. Mais l’heure avançait, mon cousin m’avait dit que la course commençait à 17h55, dans 20 mn…
- Bon, j’vâs aller rejoindre le Bernard au Qwâroye, rigolai-je.
La Françoise rigola un bon coup :
- Bâ, dis-lui de se grouiller à rentrer ça, fait trois ans que je l’attends.
- Co… ment… ça ?
- On peut dire qu’il passe toutes ses journée au Qwâroye, rigola la Françoise, puis reprenant son sérieux : Bâ alôre, le Dan, te perds la tête ?
- Bâ… Bâ…
- Il est mort, le Dan ! Ça a fait trois ans le 25…
- Mais, l’est mort comment ?
- Les chevaux l’ont tué… Tu me disais toujours : t’as choisis le mauvais cheval. Te rappelles ? Et c’est une jument qui l’a tué…