Pays noirs

Quand les moteurs se sont arrêtés, tous les passagers se sont barrés du zingue. Pffft… d’un seul coup comme ça. Merde, j’me suis retrouvé tout seul.
J’suis sorti en cavalant et j’les ai rattrapés. Ils faisaient la queue devant une baraque construit dans une grande maison aux murs transparents. Oui, oui, vous êtes très forts vous autres, vous faîtes des baraques dans les grandes maisons. J’ai vu ça à l’aéroport, moi !

 

J’fais donc la queue. Je tenais mon passeport à la main. Arrive mon tour. Horreur !
Qu’est-ce que je vois dans la baraque ? …Un Noir ! Ça m’a foutu un coup au cœur. Merde ! J’me suis gouré. Au lieu d’arriver en France, j’suis tombé chez les Noirs ! Moi, j’voulais pas aller chez eux, ils sont trop pauvres.

 

J’étais là à danser sur place, ne sachant trop quoi faire. V’là le Noir qui me secoue :
- Tes papiers !
Je braille :
- Rien à faire M’siou, j’veux aller en France !
- T’y es bougre de con !
- Mais non, M’siou, vous êtes un Noir. Et moi, j’veux pas aller chez les Noirs !
Le Noir a appelé son chef, un Blanc comme vous et moi… Le chef m’a tranquillement expliqué la situation :
- Bougre de Bounioul, t’es en France. Le Nègre, c’est un Antillais et les Antilles, c’est à nous !

 

Moi, j’croyais que vous étiez tous blancs vous autres. Ça m’a épaté.

 
 

Le 6 janvier 1995
Mise à jour 11 févr. 2020 

 

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Date de dernière mise à jour : 30/12/2023

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