La journée chez la tatâ Nénète et le nonôn Popaul s’était, ma foi, fort bien passée. Pour fêter Pâques, la famille s’était réunie autour d’une bonne table. Deux beaux canards agrémentés de quelques verres pour les adultes, surtout pour les hommes. En fin d’après-midi, nous remontions en compagnie de nos grands-parents. Sur la place du marché, les Kiener de Dieuze avaient installé leur manège. Leur musique nous allongeait les oreilles, leurs lumières nous aspiraient les yeux.
- J’veux aller sur les manèges ! (réclama ma sœur).
- Fait trop froid.
Ma sœur piqua une colère. J’en profitais pour joindre ma voix. Si bien que la mémère prit position :
- Laisse-les donc faire un tour.
- J’ai pas envie que mes gosses chopent la crève !
Notre maman avait bien raison, il faisait un froid de canard. De son côté, notre mémère ne nous voulait aucun mal, bien au contraire :
- Hein, vous voulez allez sur les manèges ? C’est la mémère qui achète les tickets.
Notre maman maugréait. Notre papa finit par se ranger de notre côté tandis que le pépère restait neutre. Avec ce froid de canard, nous grelottâmes sur les manèges. On se réchauffait en essayant d’attraper le pompon. Ma sœur l’attrapa même deux fois. Et la mémère repaya de nouveaux tours.