Le Peût’ôme dressa l’oreille. Il lui semblait avoir entendu un grognement. Il imposa le silence avec grand mal. Eh ! Oui, les grognements se rapprochaient. Sûr, l’odeur avait attiré le Grilou. Au détour du grand chêne apparut un immense ours à la tête garnie de belles dents. Enfin, pas si immense que cela puisqu’il ne dépassait pas la hauteur d’un homme. L’ours avançait en grognant. Les indigènes se mirent à psalmodier dans leur langue. Les Curcellae, le Peût’ôme en tête, s’étaient précipités qui sur leurs lances, qui sur leurs harpons. Qui attaquerait le premier ?
Les indigènes s’interposèrent. Le Peût’ôme en bouscula quelques-uns. Plus par vanité, il se planta devant l’ours, leva sa lance… L’ours ne dut son salut qu’en… enlevant sa tête. Le Peût’ôme planta sa lance dans le sol et partit d’un rire si exubérant qu’il en inquiéta ses semblables. Tous se rapprochèrent et formèrent un cercle mi-curieux, mi-agressif autour de l’ours… Qui n’était autre que la jeune fille blonde, la fille de la vieille Magdaleina. Ah ! Cette tradition, le Peût’ôme ne la connaissait pas. La vieille indigène expliqua qu’autrefois, la Sotrée était apparue sous la forme d’un ours. Et la fête reprit.
Tandis que la jeune fille blonde, revêtue de sa peau d’ourse, dansait autour du foyer, les autres indigènes avaient repris leur chant traditionnel. Et les Curcellae qui ne connaissaient pas leur langue se mirent à imiter les sons. Le Peût’ôme innova, il rythma la complainte en tapant sur un bois creux. D’autres frappèrent des silex l’un contre l’autre.
Ce soir-là, les Curcellae découvraient la musique et la danse. Plus tard dans la nuit, ils inventèrent les chansons.