Ah ! La prêtresse n’était pas à une affabulation près. Crois-moi. Elle se prétendait vierge. Tous écarquillèrent les yeux, car nombre d’hommes la connaissaient intimement. Mais, personne n’osa la contredire. Le Peût’ôme ironisait, mais personne ne l’écoutait.
Bien sûr, on croyait tout ce qu’elle racontait. Bien qu’on se demandât comment tout cela était possible. Mais, on se gardait d’en parler tout haut. C’est que la prêtresse, de ses promenades solitaires, ramenait des herbes secrètes qui pouvaient aussi bien guérir un malade que tuer un bien portant.
Vint le jour où son ventre fut gros. Enfin, les imbéciles s’apercevraient qu’elle était une femme comme une autre, se moqua le Peût’ôme. La prêtresse prétendit qu’elle devait se recueillir là où le Sotré était apparu, là-haut sur le plateau où avait habité la Magdaleina. Le Peût’ôme rata l’occasion de se distinguer. Bien lui en prit en vérité. Car l’homme qui la suivit fut dévoré par le Grilou.
La prêtresse redescendit seule. Que soit entendu sans l’enfant qu’elle aurait dû mettre au monde. Plusieurs fois, son ventre redevint gros. A chaque fois, elle redescendait seule de la Magdaleina. On racontait que là-haut, le Sotré lui parlait, la conseillait, lui donnait des armes magiques.
Mais, cette fois, la prêtresse resta longtemps, trop longtemps. Ce qui permit au Peût’ôme de fanfaronner. Ni plus, ni moins, il prétendit l’avoir suivi dans sa retraite. Pourquoi le Grilou ne l’avait-il pas dévoré ? C’était bien simple, le Sotré le protégeait, lui, le Peût’ôme. La prêtresse était comme tout un chacun. Si son ventre grossissait, c’était parce qu’un homme avait couché avec elle ! Au début, personne n’avoua avoir commis un tel sacrilège. Et puis, au fil des jours, voyant que la prêtresse ne s’en revenait point, les langues se délièrent. Si bien qu’on apprit que tous les hommes, à un moment ou à un autre, avaient servi d’étalon, sauf… le Peût’ôme. Il s’en offusqua… Les autres le raillèrent en lui disant qu’il était vraiment trop vilain.