Ce fut à ce moment que mon frère décida de téléphoner. Ce n’est qu’un peu plus tard que je compris qu’il avait appelé le responsable de l’agence de tourisme chargé de l’organisation de la soirée. Je dis cela parce que l’homme désira me parler. Bon, sa conversation ne fut guère intéressante puisqu’il ne discourra que de ma santé. Oh, il était même lourd, bien lourd. Au moins trois fois, il me demanda mon nom, ma date de naissance, mon adresse. Moi, je commençais à en avoir marre de radoter les mêmes choses. Enfin, il termina la conversation en disant qu’il envoyait une voiture. Une voiture ? Pour faire quoi, je me le demande.
Il n’y a même pas dix minutes, j’avais essayé de sortir. Mais j’étais resté bloqué sur le pas de la porte. Dommage parce que notre jardin, avec toutes les illuminations que mon frère a arrangées, comme chaque année, c’est bien agréable. Impossible de faire un pas. Bien difficilement, je rejoignis la table. Le homard me tendait ses pinces, le whisky frémissait dans mon verre. Mais, franchement, je n’avais envie de rien. Juste souffler, souffler, aspirer, aspirer.
Je ne sais ce que fabriquaient ma sœur et mon frère, ils étaient là, le nez à la fenêtre. Sans doute admiraient-ils le jardin illuminé. Pourtant, depuis trois semaines, ils devaient le connaître par cœur. Après tout chacun a bien le droit de faire comme il veut.