Ah, les Hayônche ! Non seulement ils avaient été les complices de cette infamie. Bien pire, ils avaient arrosé celui-là même qui m’avait martyrisé. En plus de la traditionnelle bonbonnière, ils lui avaient refilé de l’argent. Et à la fin de la cérémonie, en ressortant sur le parvis, ils avaient distribué des dragées à tout va. Sans même m’en offrir ! Depuis, et bien que je ne sache pas encore parler, je devais les appeler parrain et marraine. D’après ce que j’ai compris, ce serait eux qui se substitueraient à mes parents en cas de malheur. Très bien ce truc. Mais, dans la plupart des cas, à quoi pouvaient-ils servir ? Simple, ils offraient des cadeaux à leur filleul. C’est-y pas une fin bonne idée, çà ? Faut l’avouer, à l’âge où on me porta sur les fonds baptismaux, me faire des cadeaux aurait été une pure folie. Aussi, mes parrain et marraine m’offrirent-ils une chaîne en or et une croix aussi en or… Des ustensiles pour refouler not’ Sotré.
Et voilà, j’étais baptisé. C’est comme qui dirait que mes parents et toute la famille m’avaient remis entre les mains du Bon Dieu et de son P’tit Jésus. Je pouvais mourir dans l’heure ou dans dix ans, j’irai tout droit au Ciel. Enfin, ils le racontaient. Avec ma sœur, nous étions bien décidés à les laisser discourir. Mais croyaient-ils vraiment à leurs sornettes ? Nous en doutions fortement, car vois-tu, sitôt la cérémonie expédiée, toute la famille, toujours flanquée du Mimil’ et de la Mimie, toute la famille avait pris le chemin de la maison de la mémère Maria. Le cortège jusque là-haut avait été tapageur. Les grandes personnes discouraient, riaient, ils en avaient oublié ce qu’ils venaient de me faire subir.