L’Eugène traînait dans la Pépinière. Il s’arrêta devant un bananier. Drôle d’arbre... La halte suivante l’enracina devant un manège de chevaux de bois...
Ce fut le fringant Capitaine de cavalerie qui l’aborda. Faut dire que l’Eugène était dans un piteux état. Lui, si fière de sa personne, si confiant dans l'avenir, après cette semaine d’errance, il ressemblait à un clochard. Le Capitaine était originaire d’une riche famille juive de Mulhouse. Son père avait déménagé sa manufacture de textile dans une vallée des Vosges françaises.
Le Capitaine avait aidé plus d’un Alsaciens-Lorrains, comme on commençait à appeler ces exilés qui refusaient la Prusse. Sûr, il sortirait l’Eugène de ce mauvais pas. Sa jolie fiancée l’approuva. L’Eugène avait envie d’embrasser le couple lorsque le Capitaine lui donna rendez-vous, au même endroit, le lendemain à cinq heures après-midi. Le Capitaine lui offrit même une coquette somme d’argent afin qu’il puisse se restaurer le soir et dormir à l’hôtel « Vous me rendrez le double plus tard », rigola le Capitaine.
C’na tem po Tojos !
Le lendemain, le Capitaine ne réapparut pas, ni le surlendemain, ni...