Tous les yeux se dirigèrent vers le professeur. C’était à lui de donner des détails sur ce pénible exode des Hurons. Le professeur raconta cette histoire :
« Au printemps de 1649, plus de 1 000 guerriers iroquois, armés jusqu'aux dents et équipés d'armes à feu, envahissent la Huronie. C'est l'assaut final après des années de harcèlement. Plusieurs villages hurons, dont les missions de Saint-Louis et de Saint-Ignace, succombent aux attaques. Les pertes du côté des assiégés sont énormes : seulement trois des 400 habitants de Teanaostaiaé échappent à la mort, alors que les Iroquois n'y perdent que 10 guerriers. D'autres Hurons quittent leurs villages, sans espoir de retour, et se dispersent, ce qui présage la fin de la Huronie. Ses habitants, Français comme Hurons, se réfugient dans l'île aux Chrétiens (en Amérindien, Gahoendoe) où, en mai 1649, les quelques soldats de la garnison, avec l'aide des hommes valides, transportent le canon arrivé l'année précédente. Tous se mettent à la construction d'un fortin bastionné, qui sera nommé Sainte-Marie II. Mais, durant l'hiver de 1649-1650, la famine frappe durement la petite colonie de rescapés, emportant des centaines de Hurons. Finalement, le 10 juin 1650, après avoir enterré dans l'île non seulement leurs morts, mais le canon, les quelque 300 survivants Hurons, et les rares Français qui demeurent, prennent le chemin de Québec, où ils arrivent le 28 juillet. C'est la fin de la Huronie, mais non pas des Hurons ».
- Que savons-nous de ce site où nous faisons des fouilles ?
- Peu de chose, en fait. La tradition orale huronne parle d’une bourgade éphémère qui aurait eu pour nom « Opictikwaé » qui signifie « rivière-rapide ». Les habitants, peu nombreux, vivaient dans des tipis au sol de terre battue afin de permettre aux « Okis », ou « esprits-de-la-terre » de circuler librement. Conformément aux croyances Wendat.
- Nombreux sont les peuples qui, autrefois, enterraient leurs morts avec des offrandes, nous en avons trouvé ici même, ce devait être la coutume chez les Hurons également. Ajouta Marcel que le sujet intéressait.
- Les rites funéraires Wendat sont assez complexes: selon leurs croyances, le voyage vers l'au-delà se déroule tant dans le monde du soleil que celui des terrains de chasse éternels. C'est pourquoi les objets utilisés pour perpétuer le voyage vers ces milieux spirituels sont fort variés, et représentent tantôt des outils pour la chasse, tantôt des offrandes au dieu du soleil et à la terre-nourricière, dans l'espoir que les liens mystiques qui les unissent aux défunts se perpétuent dans le voyage après la mort. En somme, on désire, par ces rites funéraires, que le membre de la tribu aille rejoindre ses «frères et sœurs» spirituels dans le monde éternel.
Enfin le tonnerre s’éloigna, le ciel rengainait ses épées de feu, Un petite pluie fine comme les cheveux d’une fée rayait le ciel et tombait en perles impalpables sur le pavé encore ruisselant de l’abondante averse précédente. Le professeur intarissable, le sujet brûlant d’actualité, la discussion s’est prolongée jusqu’au début de la soirée. Marcel prit congé de ses acolytes. En sortant il découvrit une nature revernie par l’averse. Il ne pleuvait plus. L’air était pur, silencieux. Il lui était difficile de croire qu’un orage l’eut impressionné à ce point. À son arrivée à l’auberge, le patron lui fit part d’un message de Denis Dragon lui demandant de passer le voir «sans faute» à la première heure demain matin.
- Bon… Quelque chose de nouveau ce prépare, pensa Marcel.