Le vieil homme et la mer

Dieppe

Moôn ! C’était à nous couper le souffle. De l’eau, encore de l’eau, toujours de l’eau. C’était bien comme nous l’avait décrit monsieur Goupil. Avec des vagues qui montaient à l’assaut de la plage. Sans cesse l’eau roulait sur les galets.
- C’est marée montante. Dans deux heures, l’eau arrivera jusqu’ici.
- Et après, elle va r’partir ?
Le vieil homme fit oui de la tête.
Le seul hic, c’était que nous nous attendions à trouver du sable comme nous l’avions vu sur les photos du livre de monsieur Goupil. Non ici, c’étaient des galets. Ça faisait mal aux pieds. Ma sœur enleva ses chaussures et se trempa les pieds. Je l’imitais. Pas question de s’éterniser, l’eau était froide, bien trop froide. Et, pourtant, quelques personnes se baignaient. Autre découverte, la salinité de cette eau.

Si nous étions partis là-haut, là où la mer faisait semblant de s’arrêter, nous ne serions pas tombés dans le vide comme le laissait croire l’horizon. Non, là-haut, nous nous serions retrouvés au milieu de la mer. Tout autour, rien que de l’eau. Si nous avions continué d’avancer, nous aurions atteint :
- L’Afrique (clama ma sœur tandis que le vieil homme la raillait odieusement) Si ! L’Afrique. Là ousque les cigognes vont passer l’hiver.
- Par là, c’est l’Angleterre…
- L’Angleterre ? Les cigognes vont là ?
- Là où les cigognes vont passer l’hiver, c’est en Afrique. Tu as raison. Mais, c’est une autre mer.
- Une aut’ mer ! Y’a plusieurs mers ?
- Il y en a plein. Des petites, des moyennes, des grandes, des très grandes qu’on appelle océan. Ici, c’est la Manche.
- La manche de mon gilet (ria ma sœur).