Chouk, qu’j’âs frôd ! m’écriai-je. A notre nouvelle arrivée dans la petite vallée, il régnait un de ces froids. La Bianche-tète avait imaginé un adorable ballet de flocons de neige pour nous permettre d’atteindre les bords ouest de notre cuvette. Agglomérés à la couche précédente, nous séjournâmes longtemps ici, à proximité de la grotte de la Sotrée. Vint le jour où la Terre se réchauffa. Le manteau neigeux et la glace fondirent. Partout, l’eau ruisselait joyeusement, ravinait les hauteurs, élargissait la cuvette. L’eau finit par occuper tout le fond. La petite vallée offrait sa douce pente. Alors, les eaux s’écoulèrent. Tant et si bien que le niveau se réduisit considérablement. Tant et si bien que le fond de la petite vallée se transforma en marécages et en paisibles étangs.
Le tracé de la petite rivière, de notre Petite-Seille, était si incertain qu’il en devint mystérieux. Nombre de coquilles Saint-Jacques et autres coquillages rappelaient, qu’il y a bien longtemps, la mer avait séjourné ici. Dormant sur l’île, se cachant parmi les grands roseaux, se faufilant sans qu’on l’entende, le Grilou hantait les lieux.
La petite rivière quittait la cuvette par le détroit bordé par la belle butte et le minuscule plateau. A quatre ou cinq kilomètres, elle rejoignait une rivière un peu plus large, notre Seille. En direction du Nord-ouest, elle rencontrait une rivière plus importante, notre Moselle. Ralliée à elle, elle prenait la direction du Nord. Enfin, les eaux gonflaient un fleuve, notre Rhin. Tu sais, c’est celui-là même qui traversait le centre de ces vieilles montagnes devenues ballons, nos Vosges et notre Forêt Noire. Et le fleuve menait à la mer, bien au Nord. Là-bas, les eaux étaient froides et… salées.