- Si ça se trouve, c’est le même. Et il a cassé la vitrine ? (demanda madame Bolinjé au Totol) Chez nous c’est ce qu’il a fait. Nème Oda, c’est bien ça ? (L’Oda afficha une mine dubitative) J’ai entendu dire qu’il avait renversé quelqu’un en se sauvant.
- On raconte beaucoup de choses. On m’a même dit que le Fanfan s’était fait renversé… Mais la Lolote l’a vu entrer dans la mairie avec son vélo.
- Moi aussi, je l’ai vu (confirma madame Bolinjé) Il est passé devant mon magasin. Il allait vers la mairie. Il m’a même crié bonjour.
- Doucement, t’vâs les abîmer (modéra le Totol).
- J’suis trop piate, j’arrive pas à bien les attraper.
- Vous savez (intervint le Totol tout en retournant une caisse vide et invitant la Mikète à grimper dessus) Les gens aiment grossirent les événements.
- A mon avis (avança madame Bolinjé) le Jano s’est fait volé un neuf vélo et le Fanfan enquête sur le vol. C’est pas plus difficile que ça.
- T’as raison (l’approuva l’Oda).
Bientôt, le plateau de la balance fut rempli de cerises. D’un coup, la Mikète vida son contenu dans le casier, un peu trop vivement.
- Hé ! Quèce te fais ?
- Le pépère ramène des cerises à la tante Agathe. Me rappelais p’us.
- Va doucement, c’est fragile les fruits. Après ta môman dira que j’lui vends des fruits talés.
- Et je pèse quoi, maintenant ! (râla la Mikète).
- C’est à moi ! (Le Dabo avait fini de ranger les cageots vides dans le fourgon. Plusieurs fois, il avait essayé de sortir des cageots plein de légumes ou de fruits. Franchement, c’était trop lourd. Une fois, il avait même renversé un cageot de pommes) C’est à moi de peser ! (réclama-t-il à nouveau).
- Je pèse encore un truc et après je te laisse.
- Tu pèseras les abricots (trancha le marchand).
- C’est quoi les abricots ?
Le Totol désigna un casier, prit un fruit et le donna au Dabo. Il était beau dans le genre jaune avec des parties presque rouge. Et il était délicieux.
- Moi, j’en ai déjà mangés chez la mémère (pavoisa la Mikète) Fais attention au noyau ! Si t’avales, te vâs tragnier (Elle mit ses mains sur les hanches et d’un ton revêche) Et moi, j’en ai pas ? (Elle remercia quand même le Totol, entama son abricot et… râla) Et je pèse quoi !
- Vous voulez des carottes ? (demanda le Totol à l’Oda. Prise par sa discussion, l’Oda fit oui en hochant la tête. Il reprit à l’intention de la fillette) Allez pèse les carottes.