Peut-être vingt minutes après le départ de la porteuse de journaux, la clenche s’énerva, s’excita, hasia… La porte finit par s’ouvrir.
- Vous v’là les Mioches. Vous avez pris vot’ p’tit déjeuner ?
- C’est fait (répondit la Mikète tandis que son jeune frère hochait la tête pour dire oui). B’jour tante Agathe.
- B’jour tante Agathe. T’as bien dormi ? (Embrassades).
- Oui le Dabo, j’âs bien dormi. Et toi ?
- Moi aussi.
Le Fofo tournoya autour de la tante jusqu’à temps qu’elle le caresse. Ensuite, elle entreprit la distribution des bonbons, un à chacun. Puis, elle tira les chaises vers la fenêtre et l’on s’installa au poste d’observation. La fenêtre était au large ouverte puisqu’il faisait bon.
- .. lis… lett…
- Si tu parles avec ton bonbon dans la bouche, je vais rien entendre. Déjà que j’suis un peu sourde.
La Mikète enleva son bonbon. Tenu par son pouce et son index…
- J’te disais… (Pour mieux étayer son propos, elle fit un moulinet avec sa main) Voleur !
Voyant le bonbon s’agiter sous son museau, le Fofo avait imaginé qu’il avait droit à un supplément de friandise.
- Il est plus rapide que toi. Reprends-en un. Quèce tu disais ? Laisse-le (rigola la tante) Le cornet est sur la table. Prends-en un autre.
- Là, j’fais gaffe. T’as vu tante Agathe. Paf ! d’un coup il me l’a piqué. Et toi, arrête de rigoler (la Mikète fila un coup sur l’épaule de son frère) Tante Agathe, lis une lettre du Karl.
- Vous descendez au marché tout à l’heure.
- Ah oui, on est jeudi, nème tante Agathe ? (la tante approuva) J’me rappelais p’us. Je vais faire la marchande.
- C’est moi que vâs faire.
- T’es trop piat ! T’sauras pas.
- Si, je sauras !
- Comme ça tu apprendras au Dabo à faire le marchand (la tante trouvait toujours une solution).
- J’aime mieux faire la marchande.
- Bâ, t’verras, c’est encore mieux d’apprendre aux autres ce qu’on connaît. Tu s’ras comme une maîtresse d’école.
L’idée séduisit la gamine.