Le vélo du Fanfan

(La Descente // Le Vélo)

 
 
 

La majorité des gens la critiquait. Les autres, au mieux, la plaignaient avec condescendance. Pourtant cela faisait plus de quinze ans que madame Irène vivait dans cette petite ville. Elle avait même partagé avec eux la période de l’exil. Ses enfants fréquentaient l’école et avaient même quelques copains et copines. Mais, voilà, elle n’était pas de chez eux. Bien qu’originaire d’ici, son mari n’était qu’un voyou notoire. Chaque jeudi, madame Irène faisait son marché et, les bras étirés par ses lourds cabas, en revenait tôt. Ainsi, elle croisait le minimum de gens. Elle salua la vieille dame qui était à sa fenêtre :
- Bonjour Demoiselle Agathe (Juste à ce moment sortait) Bonjour madame Chlodère.
- Bonjour madame Irène.
L’Oda plaignait cette pauvre dame. Pense-voir, son mari l’avait plaqué, elle et ses cinq enfants. On racontait qu’il était parti là-bas aux Colonies. En fait, personne n’en savait rien. Et la plupart, plaignait cette femme d’une quarantaine d’années qui, pourtant, était encore « pas mal pour son âge » gloussait le père Galate après avoir déversé une brouette de propos salaces. Les plus sensés, sans doute pour s’excuser, disait qu’elle élevait bien ses enfants, qu’ils étaient toujours impeccables et bien polis.
Pour le Milou, l’époux de l’Oda, qui connaissait plus ou moins l’homme de réputation, c’était ce qu’il pouvait arriver de mieux à cette dame. Selon lui, l’homme fréquentait des voyous à Nancy. Certains de chez nous se souvenaient que lors de l’exil, il avait fait des choses pas bien nettes : c’était le roi du marché noir. Il a le mal dans le sang, rajoutaient d’autres qui, pourtant, étaient passés par lui pour se ravitailler.

 

Bref, madame Irène, madame Chlodère et Demoiselle Agathe couâroyaient. Madame Irène était toute contente parce que son aînée marchait bien. Elle espérait même qu’elle pourrait partir au lycée à Metz pour passer son bac. Et son deuxième, un garçon, allait entrer au Lycée agricole de notre ville en septembre prochain. Tout cela coûtait bien cher, heureusement :
- Vous savez Madame Chlodère, mes beaux-parents ne m’ont pas oubliée. Ils paient tout (madame Irène marqua une pause et reprit) Mes parents m’aident aussi.
- Vous avez des nouvelles de… (Comme si le prénom du mari voyou était un gros mot, madame Chlodère ne voulait pas le prononcer).
- D’après ses anciens copains d’Nânci, il a tenu un bar à Marseille. Et puis, il est parti pour l’Afrique. J’me rappelle p’us où… J’me demande ce qu’il peut mamayer là-bas… Si ça se trouve, ils l’ont foutu au bagne.
- Dites voir, madame Irène (intervint Demoiselle Agathe) quèce qu’is disent au marché du vol du vélo ?
- On ne parle que de ça. Pensez voir, voler le vélo du sergent de ville…
- Le vélo du Fanfan, c’est pas vrai ! (s’effara madame Chlodère).
- C’est pas un neuf vélo qu’a été volé ? (s’étonna Demoiselle Agathe).
Certaines et certains disaient que c’étaient le vélo du sergent de ville, d’autres prétendaient que c’était un vélo neuf… En réalité madame Irène n’était sûre de rien.

 

 

 
 
Flech cyrarr

A suivre

Ecrabouillé

(La Descente // Le Vélo)

C'est pire que ce qu'on imaginait

 

Le Sotré
C’est la fête
Le Vélo :
* La Descente :
Vélo tout neuf
~ Le vélo du Fanfan
~ Ecrabouillé
~ Devant chez le Jano
~ A l’hôpital
~ Il est mort ?
~ Ressuscité
Le Marché
La Bûche

La Gazette des Fiawesmai 1954

Parfois il suffit de passer la souris pour connaître la signification d'un mot.

En savoir plus sur les personnages :
La Mikète 5 ans, le Dabo 2 ans 1/2, le Fofo 12 ans, l'Oda leur maman 28 ans, le Milou leur papa 28 ans,

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Musée du fantastique

Date de dernière mise à jour : 06/05/2024

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