Je t’ai dit que la Sous-préfecture était un bâtiment bien haut, un des plus hauts de notre ville. Nos grands-parents habitaient le second étage. Que les étages étaient bien haut, bien plus que dans une maison normale. Je ne saurai dire combien de mètres. En tout cas lorsqu’on se penchait par la fenêtre, ça gargouillait dans le ventre. Notre maman se leva d’un bond, se précipita à la fenêtre… Pour tout te dire, le second étage était mansardé. C’est comme qui dirait que le toit se prolongeait sur la partie haute des façades. Je papote, je papote, et voilà je ne sais plus où j’en suis. Ah oui, la Mahon venait de sauter par la fenêtre, ma sœur avait bataillé pour avertir notre maman. Notre maman se pencha…
Tétanisée ! Tremblant de tous ses membres, la Mahon était figée sur la chânate, à trois mètres de là. Cette large gouttière courait tout autour de l’édifice juste en-dessous des fenêtres. Notre maman l’appela, espérant qu’elle allait revenir d’elle-même. Un faible « Maôôn, maôôn » lui répondit.
« Allez, viens ». La chatte ne bougeait pas. Cela faisait bien une demi-heure que notre maman s’évertuait à la fenêtre, sans succès. La Mahon restait paralysée, sans pouvoir avancer une patte. Un bruit strident retentit. Que je t’explique, notre maman gesticulait à la fenêtre. Cette fenêtre ne donnait pas directement sur la rue, mais sur l’entrée de la cour de la Sous-préfecture. De cette fenêtre, on dominait l’arche qui marquait l’entrée, là où étaient fixées à ses colonnes les belles grilles en fer forgé. De cette fenêtre, sur la droite, on voyait la rue. Et de la rue, les passants voyaient cette fenêtre. Passé ce blabla. Le bruit strident provenait des freins de la bicyclette du Fanfan. Notre sergent de ville descendait la rue :
- Qu’est-ce t’arrive Oda ?
Notre maman lui expliqua la situation tout en désignant la Mahon toujours tétanisée.
- T’inquiète, elle va revenir.
Et le Fanfan redémarra aussi sec. « Imbécile », maugréa notre maman à voix basse.