Vint l’heure de la sieste. On me transporta dans la grande chambre. Mon lit était contre le radiateur. Je piquais un roupillon salvateur tandis que ma sœur s’amusait avec la poupée que venait de lui apporter le Saint-Nicolas, ce matin même chez notre mémère. Par ces froids temps de décembre, la Mahon appréciait le radiateur. Mon lit se mit à vibrer, je crains même qu’il ne se renversa. Ne doutant de rien, ma sœur l’escaladait pour aller caresser la Mahon. Mais, elle avait fait tant de tapage que la pauvre chatte s’était élancée à travers la pièce, ma sœur à ses trousses.
Une cavalcade du Diable...
De la secousse, je m’étais dressé dans le lit. J’encourageais ma sœur dans sa chasse : Crac, le katze. Je ne pourrai expliquer pourquoi je voulais qu’elle torde le cou à la pauvre Mahon. Cette belle chatte tigrée ne m’avait jamais fait aucun mal. Tords-lui le cou ! Je dis cela en toute innocence, sans penser à mal. Ou-la-la, j’étais loin d’imaginer le courroux que cela déclencherait. A ce moment déboula la maman. Elle était en pétard, crois-moi. Sans chercher à comprendre, elle se jeta sur ma sœur. Ses cinq doigts laissèrent un joli bouquet rouge sur la joue. Ce qui déclencha des braillées mémorables. Crac, le katze ! répétai-je. Notre maman vint vers moi, me sortit du lit, m’embrassa :
- Mon pauv’ p’tit Dabo. Elle t’a fait peur. Oh ! Méchante Mikète. Allez, c’est rien… (Crac, le katze ! On lui tord le cou, persévérai-je. Mais notre maman ne comprenait rien de rien. Bien au contraire) Mais, oui. Mais, oui. Allez, c’est fini.
Débarqua, plutôt affolée, notre mémère suivit de notre pépère et de notre papa.
- Quèce s’passe ? (s’étrangla-t-elle).
- Elle a fait du mal à la Mahon.
- Non, môman, j’ai pas fait mal à la Mahon. J’voulais juste la caresser (Crac, le katze ! répétai-je. Ce que contesta ma sœur) J’ai pas fait crac au katze. C’est pas vrai.
- T’dois pas embêter les chats ! (s’énerva la maman).
- C’est bien fait ! On t’a déjà dit de laisser les chats tranquilles, c’est pas des jouets (tonna le papa).
- Viens ma chatte. La mémère va t’donner un Saint-Nicolas en pain d’épices.