Les vacances

- Le Dabo, on s’barre en vacances.
Ma sœur déraisonnait, nous étions en pleine fiawe. Chaque jour nous devions alimenter cette histoire et raconter des péripéties.
- Les lectrices et les lecteurs s’ront pas contents ! (observai-je).
- On s’en fout ! Z’ont cas ouvrir un livre ou aller au cinéma, ça les changera.
- Bon… Va ousque ?
- A la mer !
- Coment vâ faire ?
- On vâ d’mander à l’Arbre de nous téléporter à la mer.

La Légende disait que cet arbre avait connu la Sotrée du temps où elle vivait au Beaurepaire. Cela faisait donc qu’il était âgé de plusieurs milliers d’années. La Sotrée avait été enterrée là, à son pied, sur le plateau de La Magdaleina. Dans la nuit des temps, la population du hameau allumait un grand feu, dansait autour et, ainsi, honorait leur génie, la Sotrée et son arbre magique. Encore plus tard, au pied de l’Arbre, le Prévôt et les bons’ômes en robe avaient prétendu que des sorcières invoquaient la Sotrée qui les guidait. Certes les années avaient rongé son tronc, si bien qu’à la base s’était formée une sorte de grotte. Presque aussi grande qu’une petite maison. Debout, en levant la tête, on voyait le ciel. A la fin de la cérémonie, les sorcières entraient dans cette grotte et s’envolaient pour aller commettre leurs maléfices. Puis, on y avait exilé les lépreux. Puis, on y avait aménagé le cimetière de La Magdaleina, ce que nous appelions la Suisse.
De nos jours, le vieil et immense Arbre était toujours debout. A proximité, la Tombe de la Sotrée. On disait « la tombe d’une sorcière ». Elle était toujours fleurie par on ne sait qui. La Tombe de la Sotrée et la Fontaine des Lépreux trônaient toujours, telles des gardiennes. Il suffisait d’entrer dans l’Arbre, de penser très fort à quelque chose et notre vœu était exhaussé.

Nous étions donc montés à la Suisse. Sans hésiter, nous étions entrés dans la grotte que formait son gros tronc, nous avions pensé très fort à la mer… Mais, voilà, le vieil Arbre était vraiment vieux. On pourrait dire qu’il n’avait plus toutes ses branches. Autrement dit, il nous envoya dans un lieu au hasard…

La fiawe du Sotré 
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