En fin de compte, la Mélie n’en connaissait guère plus. Ce qui la préoccupait, c’était ce qu’il pouvait lui arriver, à elle. Lorsqu’elle allait au cimetière, au marché, faire des courses un peu longues ou même simplement chercher son pain chez la Dédée, elle partait en laissant sa maison ouverte. Un individu pouvait très bien s’y introduire et lui voler ses biens.
- Maintenant, je fermerai ma porte à clé. Quelle époque ! Z’avez vu l’Bernard ?
Monsieur Goupil acquiesça, l’Oda rajouta :
- Avec ses valises, il part en vacances.
- Vinrats d’vinrats ! (La Mélie éclata de rire) T’y es pas du tout. L’aut’ soir, la Marie lui a fait une pipe…
- Mélie (implora Monsieur Goupil en désignant des yeux les Mioches).
- Une pipe ?
- Bâ oui Oda, elle lui a sucé la bitte, vinrats !
- J’avais compris ! (se vexa l’Oda).
- Mélie (réitéra Monsieur Goupil toujours en désignant des yeux les Mioches).
La Mélie n’en tint aucun compte, elle poursuivit son histoire. Donc, l’autre soir, la Marie avait fait une pipe au Bernard. Dans le feu de l’action, elle lui avait mordu le sexe jusqu’au sang.
- Vinrats ! T’imagines le Bernard arrivant à l’hôpital avec sa bitte emballée dans un torchon.
- Il a été à l’hôpital ? (demanda l’Oda).
- Son gland pendait…
- Oh, Mélie, vous faîtes du méchant temps (avança Monsieur Goupil).
- Vinrats d’vinrats ! J’te jure, c’est de la pure vérité. Sur ce, j’vâs descendre au marché. Te viens l’Oda ? Et oublies pas tes Mioches.
Sur ces bons mots, la Mélie décréta le départ. Ils dépassèrent la maison Pieuton dont la cave, au début de la guerre, servait d’abri lors des bombardements.
- Monsieur Galate m’a dit que le Mièsse cherchait des menuisiers. J’vâs l’dire au Milou. Des fois qu’ça l’intéresse.
- Igor m’a dit ça. T’vois qu’nos hommes travaillent ensembles, ça serait bien, nème ! Surtout qu’c’est une bonne équipe.