La Mikète amena sur le tapis ce qui la motivait :
- Et le vélo ousqu’i l’est ?
- Kel félo ?
- Bâ, çui qu’on a volé au Jano.
On l’avait bien déposé devant la vitrine, mais il n’était plus là. Que cela soit la Mikète ou son frère, ils ne pensèrent même pas à demander ce qu’il était devenu. Pourtant, la Mikète jubilait. C’était affaire entendue, le Sotré l’avait déposé là. Madame Schuh l’approuva en riant, tandis que sa maman soupirait :
- Ah ! Celle-là avec ses histouères !
- Faut mieux k’ell’ kauze du Sotré que d’maladies. N’èche pas ?
En dépit de ce qu’en disaient les grandes personnes, la Mikète avait raison. D’autant que le soir même… Madame Schuh raconta qu’alors, elle et son mari étaient en train de manger, un barouf du tonnerre avait chambardé la réserve. Son mari était descendu, histoire de voir si, par hasard, quelque galvaudeux ne se chaussait pas à neuf sur leur dos. Mais non, rien.
- Ça defait être un rat (rigola madame Schuh).
Un rat ? Mon œil ! C’est le Sotré ! C’est ce qu’affirma la Mikète et elle exigea :
- J’veux voir la réserve !
- Dis-donc Mikète, t’vâs calmer, oui ! T’es pas chez toi.
- Kèce t’feux faire à la rézerfe ?
- Voir le Sotré !
- Y’a longtemps k’il est parti (badina Madame Schuh).
- J’veux aller à la réserve !
- Mikète, ça suffit !
- Laissez madame Schlôdère. Ça déranche pas. Hoplà, j’vâs te faire fiziter ma réserfe. Viel Glìck (rigola-t-elle de plus belle).
Madame Schuh prit la fillette par la main et l’entraîna. Le Dabo préférait rester avec sa maman. La cave de la mère Kélère lui avait suffit, nul besoin d’en rajouter.