Toute la semaine suivante, notre papa s’était arrêté chez le père Galate. Il y retournait même après manger. C’est que le père Galate lui prêtait son atelier. Notre papa avait décrété qu’il ne travaillerait pas ce vendredi, ni samedi. Il servit le petit-déjeuner à notre maman alors qu’elle était encore au lit. Faut reconnaître que notre irruption gâcha un peu la fête. Et il partit avec sa remorque, notre Fofo gambadant à ses côtés. Juste pour s’amuser, il roula sur la double-porte en fer de la mère Kélère. Tu parles les deux roues du vélo, celles de la remorque… A part ça, il nous engueulait parce qu’on dérangeait la vieille dame : « Ça m’étonne pas de lui », railla notre maman. A son retour, la remorque était chargée de panneaux de bois...
- Pour une fois, les Higelin serviront à quêque chose (rigola-t-il).
- M’parle pas des Boches !
Notre maman avait tord, parce qu’avec les panneaux sauvés de la chaudière, il allait... On avait beau lui poser la question, il répondait invariablement : « Vous allez voir ce que vous allez voir... ». Nous n’étions guère avancés. Il posa ses panneaux contre le mur vis-à-vis du grand buffet, de l’autre côté de la cuisinière. Ce grand buffet, nos parents l’avaient acheté pour leur mariage. Le meuble était en deux parties, celle du haut était divisée par trois portes vitrées dans la longueur. Juste en dessous, deux portes pleines encadraient une niche. C’est là que trônait la belle coupe à fruits de Baccarat que leur avaient offerte leurs copains, le Mimil’ et la Mimie.
La partie basse accueillait trois tiroirs et en-dessous trois portes pleines. Plus large, la partie basse formait, à mi-hauteur, une tablette et le socle de la niche. Dans le buffet, notre maman avait casé sa vaisselle. Il avait rapidement affiché complet…