La caisse mugit ! Nous fîmes un bond en arrière. Le Sotré venait-il de se faire piéger ? Bien sûr que non. D’ailleurs nous connaissions cet appareil. C’était une radio ! Une radio comme chez le pépère, comme chez le nônon Popaul. Mais, la nôtre était bien plus grosse. Et bien plus belle. Une radio ? Pas seulement... Un aller et retour, et le nônon Popaul remonta une pile de disques. Des disques grands comme ça ! Dur comme tout et cassable pour un rien. Notre papa souleva le couvercle de la radio, leva le bras, posa un disque, reposa le bras. En sortit une voix lente, inaudible...
- Ouâré d’Milou ! (s’écria le nônon) Mets en 78 tours.
En changeant la vitesse, notre papa bouscula le bras.
- Attention, Milou ! (cria notre maman) T’vâs rayer mon disque.
Enfin, la voix de Tino Rossi sonna clairement. Même notre Fofo parut ravi. Le museau pointé vers la radio, il dodelinait de la tête au rythme de la musique. Seule, ma sœur trouva à redire :
- « Petit papa Noël », c’est pas la Noël.
- Comme ça t’auras un disque pour la Noël et t’pourras chanter (badina le nônon).
Noël ! Noël ! Le mot bourdonna dans la tête de ma sœur et :
- T’as pris la prise du sapin !
- Oh, d’ici là, j’aurai trouvé une solution (répondit notre papa en prenant des verres sur l’étagère).
Cette nouvelleté valait bien un pastis. Ce que burent les hommes, tandis que notre maman sirotait son traditionnel Martini. Et nous ? Bâ, une limonade ! C’était jour de fête, nème ?