La tatâ et le nonôn en étaient à leur cinquième. Notre maman disait « La pauvre Nénète avec ses cinq mômes, elle a bien du mal ». Elle, deux mioches lui suffisaient largement. Notre papa prenait l’affaire de haut et, sans vergogne, il mettait en boîte notre nonôn :
- Popaul, t’sais pas y faire. R’garde, moi, j’en ai qu’deux.
- Pourtant, j’ai demandé la recette au beau-père (riait le nonôn Popaul. Le beau-père n’avait eu que deux filles…)
Ah, oui ! J’ai oublié de te raconter comment notre tatâ avait eu son cinquième enfant. Bien sûr le Puits aux Bébés était tari depuis bien longtemps. Mais, un dimanche d’août, le nonôn Popaul nous avait emmené dans sa belle Traction passer la fête de la Saint-Christophe. Deux voyages avaient été nécessaires pour que toute la famille s’y retrouve. Rassure-toi, il n’y a que sept kilomètres entre chez nous et Vic.
On avait été sur les manèges. On avait mangé des gaufres. On avait sucé des glaces. On avait bu un coup à la terrasse d’un café. La mémère et la tante Luluce nous avaient gâtés. Oulala, je m’éloigne du sujet.
C’est qu’à Vic, il y a une grande statue du Saint-Christophe. Malgré les hauts-cris de ses parents, notre cousin Dédé avait tourné le bouton qui ferme le manteau du saint. Chose qu’il ne faut absolument pas faire. Il est vrai que notre papa l’avait chaudement encouragé.