Nous ne savions plus trop quoi penser à propos du Peût’ôme. On le voyait passer de temps en temps pour capturer les enfants. Mais, nous nous gardions bien de le reprendre en filature. On ne sait jamais… Ce mercredi, on traînait notre âme en peine devant la fenêtre de la tante Agathe lorsque le petit camion du Mimil’ remonta la rue en plein après-midi. Tiens, il ne venait pas de Nancy. Il s’arrêta le long du trottoir. Le Mimil’ cala son moteur et descendit.
- Alors Milou, toujours en guerre contre vot’ patron ?
- Eh oui, tante Agathe. Veut pas nous payer nos heures !
Ne t’imagine pas que la tante Agathe était une contestataire. Oh, que non ! Dans sa jeunesse, lorsqu’elle travaillait avec son frère à confectionner des couronnes mortuaires, elle ne comprenait pas toute cette agitation qui secouait régulièrement Nancy. Pour elle, les ouvriers et les ouvrières ou même les employés avaient besoin d’un patron pour travailler. Bien sûr, ils y avaient des patrons biens et des patrons mauvais. Aujourd’hui, la vie la satisfaisait… du moment qu’on n’empiète pas sur ses plates-bandes. Mais là, il s’agissait du mari de sa petite-nièce. Mais là, elle s’ennuyait tellement, cloîtrée chez elle, qu’elle s’intéressait à tout se qui passait sous son nez. Elle en venait, même, à encourager notre papa dans sa lutte contre son patron. Elle en était même à espérer que quelque chose se passe. Bref…
- Et vous Mimil’, ça va chez vous ? Y’a longtemps que j’ai pas vu votre famille. Et la Mimie, pas trop dur avec cette chaleur ?
- Elle supporte. Même plus six mois… On essayera de passer un de ces jours (promit le Mimil’).
- C’est que j’peux guère bouger. Ah ! Quand on d’vient vieux…