Dès son embauche, Lydia avait été affecté au drive. Comment dire ? Au lieu de perdre son temps à arpenter les rayons, à remplir son caddie, à perdre encore son temps à la caisse, certains clients faisaient leurs emplettes et les payaient sur internet. Il fixait une heure et venait à un endroit réservé, le drive. Là, une ou un employé lui remettait les marchandises commandées.
Le principe était simple, il aurait pu être agréable. Sauf que Lydia, comme ses autres camarades, se retrouvait avec six ou sept clients à satisfaire en même temps. C’était un véritable marathon, car le temps était compté et on ne lui remettait les listes d’achats qu’au dernier moment.
Elle tirait un petit chariot où étaient empilés des bacs. Chaque bac, parfois plus, représentait un client. Armé de son pistolet électronique, elle parcourait les rayons, sélectionnait l’article convoité, le plaçait dans le bac, changeait de client. Et il fallait recommencer au rayon suivant. Tout cela en surveillant l’horloge, car le client n’aimait pas patienter au drive. Rarement, elle avait de l’avance, plutôt le contraire. Dans sa course folle, il lui arrivait même de heurter des clients. Pas le temps de souffler, pas le temps de renseigner un client perdu qui cherchait un produit, elle devait foncer.
Le stress du travail, le stress de sa grossesse. On venait de lui apprendre qu’elle portait des jumeaux. Tout ce stress minait Lydia, la détruisait, si bien qu’un jour, elle décida d’en finir. Elle s’ouvrit les veines.