Le mari de Catherine était quelqu’un de bizarre. C’était un syndicaliste forcené. Guy avait adhéré à la CGT et au Parti Communiste dès son plus jeune âge. Son idole, si l’on peut dire, était Thorez, le Thorez de l’après guerre, du genre : « Il faut savoir terminer une grève ». Guy se dévouait corps et âmes à la classe ouvrière comme il aimait fièrement le clamer. Principalement au Comité d’Entreprise et à la Commission qui attribuait les logements dans le cadre du 1% patronal. C’est donc, tout naturellement, qu’il plaça Lydia, la protégée de sa femme, en bonne position sur la liste. Sûr, à la prochaine réunion, Lydia aurait une proposition de relogement.
Guy se démenait pour obtenir des chèques-vacances, des chèques-cadeaux, organiser des week-ends, obtenir des places pour les spectacles, pour les campings, etc. En remerciement, une dizaine de personnes avait rayé son nom aux dernières élections du CE. Si bien qu’il n’avait été réélu qu’in extremis. Il n’y avait pas de doute, c’était la gauchiste Marion, élue du personnel tout fraîchement, qui avait organisé son élimination. Il n’y avait pas à douter, c’était Dominique qui avait organisé son élimination. Guy le croyait dur comme fer. Bien fait pour eux, c’était raté ! Et pourtant, ni Marion, ni Dominique n’avaient organisé quoi que se soit.