Patron ?

Le Verso (Ardennes)

Le mari de Catherine était quelqu’un de bizarre. C’était un syndicaliste forcené. Guy avait adhéré à la CGT et au Parti Communiste dès son plus jeune âge. Son idole, si l’on peut dire, était Thorez, le Thorez de l’après guerre, du genre : « Il faut savoir terminer une grève ». Guy se dévouait corps et âmes à la classe ouvrière comme il aimait fièrement le clamer. Principalement au Comité d’Entreprise et à la Commission qui attribuait les logements dans le cadre du 1% patronal. C’est donc, tout naturellement, qu’il plaça Lydia, la protégée de sa femme, en bonne position sur la liste. Sûr, à la prochaine réunion, Lydia aurait une proposition de relogement.
Guy se démenait pour obtenir des chèques-vacances, des chèques-cadeaux, organiser des week-ends, obtenir des places pour les spectacles, pour les campings, etc. En remerciement, une dizaine de personnes avait rayé son nom aux dernières élections du CE. Si bien qu’il n’avait été réélu qu’in extremis. Il n’y avait pas de doute, c’était la gauchiste Marion, élue du personnel tout fraîchement, qui avait organisé son élimination. Il n’y avait pas à douter, c’était Dominique qui avait organisé son élimination. Guy le croyait dur comme fer. Bien fait pour eux, c’était raté ! Et pourtant, ni Marion, ni Dominique n’avaient organisé quoi que se soit.

 

Certes Marion lui reprochait ouvertement de défendre trop mollement les salariés contre la Direction. Certes Dominique lui en voulait de ne pas avoir défendu le jeune de la réception qui avait été licencié parce que le chef de la Sécurité l’avait pris en flagrant délit de vol d’une… cannette de bière et l’avait bu dans un coin.
Non, les ratures trop nombreuses étaient spontanées. Elles venaient de salariés qui en avait marre que Guy se prenne pour le patron du supermarché. A longueur de journée, Guy houspillait les trainards, ceux qui discutaient trop alors que lui ne s’en privait pas, ceux qui ne se comportaient pas assez bien, à son goût, avec les clients. Guy allait même dire aux caissières, à celles et ceux qui mettaient en rayon, et à bien d’autres comment ils devaient faire leur travail. Guy se croyait meilleur gérant que le Directeur général.
Guy n’adressait plus la parole à Marion. Lorsqu’elle rendait visite à Lydia (qui était en arrêt maternité à l’hôtel) et que lui était présent, il insultait Marion et s’en allait. Comme il le faisait au supermarché. Pareil avec Dominique. Lydia et Catherine, l’épouse de Guy, avaient beau essayer de les rabibocher l’un avec les autres, en vain.

 
 
 

Parfois il suffit de passer la souris pour connaître la signification d'un mot.

Voir le Dictionnaire des Mioches

Musée du fantastique

Date de dernière mise à jour : 24/10/2023

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