- R’garde voir tante Agathe. Sur ma jambe.
- Quand même ! T’as plus peur des araignées. C’est bien.
- La môman, elle crie quand elle voit une araignée. Elle prend quelque chose et paf ! Elle les tue. Faut pas tuer les araignées, nème tante Agathe ? Elles nous protègent du Sotré. Pasque le Sotré, il est méchant. Il a fait du mal à notre Fofo et il a mis le feu chez nous.
Je ne sus jamais si la tante m’approuvait ou pas, car notre papa, le père Galate et Igor traversaient la rue. Les pattes arrière sur les genoux de la tante, celles de devant sur l’appui de la fenêtre, le museau en avant, le Fofo couinait de joie.
Le père Galate était menuisier comme notre papa. Lui était artisan et c’est dans son atelier que notre papa avait fabriqué son meuble-bar pour la radio. A cette occasion, lui aussi menuisier, Igor l’avait aidé. Notre papa était un aventurier de la menuiserie. Par là, je veux dire qu’il changeait très souvent de patron. Un mois chez l’un, une semaine chez l’autre, six mois ailleurs, notre maman disait qu’il avait écrémé les menuiseries de Nancy. Igor, lui, était stable. Bien avant la guerre, il travaillait déjà pour le Mièsse. Lui aussi allait chaque jour à Nancy, mais il faisait le voyage avec le camion de l’entreprise. Le fameux camion conduit par le Mimil’. Igor comme notre papa aidaient couramment le père Galate pour finir ses chantiers.